La « RATP » de Londres n’aime pas l’humour normand
La « RATP » de Londres n’aime pas l’humour normand
Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)
TFL, l’organisme public qui gère les transports dans la capitale britannique, vient d’interdire des affiches publicitaires invitant les entrepreneurs britanniques à « oublier le Brexit ».
Capture d’écran de la « une » de l’imaginaire Normandy Times.
La RATP de Londres n’apprécie pas l’humour normand sur le Brexit. « Transport for London » (TFL), l’organisme public qui gère les transports dans la capitale britannique vient d’interdire des affiches publicitaires du Conseil régional de Normandie invitant les entrepreneurs britanniques à « oublier le Brexit » et à « voter avec leurs pieds » en franchissant la Manche.
TFL assure que la campagne de promotion normande contient « des images et des messages qui évoquent des sujets sensibles ou controversés pour le public ». Le placard controversé se présente sous la forme d’une fausse « une » du journal imaginaire The Normandy Times, proclamant : « Les chefs d’entreprise britanniques peuvent maintenant voter avec leurs pieds et oublier les craintes de l’après Brexit ». Sous une carte représentant la Manche comme un simple fleuve séparant le sud de l’Angleterre de la Normandie, le « journal » titre : « Une région française ouverte aux affaires permet aux entreprises britanniques de prospérer en Europe ». Le texte enfonce le clou de l’inquiétude des milieux économiques britanniques en invitant les investisseurs à « agir maintenant alors que l’article 50 a été déclenché il y a plus d’un an, sans qu’aucun signe d’accord commercial entre la Grande Bretagne et l’UE ne se profile. »
« Magical Norman Tour »
Bannie du métro de Londres, la campagne de l’Agence de développement (AD) du Conseil régional va pouvoir néanmoins se déployer dans la presse britannique à partir du 14 mars et dans cinq villes britanniques – Bristol, Birmingham, Manchester, Cambridge et Londres – que visitera un bus promotionnel lors d’un « Magical Norman Tour ». AD Normandie indique que « cette opération de charme » est destinée à « séduire les entrepreneurs britanniques est la réponse de la Normandie à l’atmosphère anxiogène post-Brexit. »
Le président de la région, Hervé Morin a dit « regretter vivement » le refus de TFL, insistant sur les réductions d’impôts et les prêts d’installation proposés aux entrepreneurs désireux de « rester dans la zone euro ».
Ironiquement, la décision de l’autorité des transports londoniens ne fait que renforcer l’écho de la campagne de promotion normande conçue dans la lignée de celle lancée en 2016 par le quatier parisien d’affaires de La Défense, qui proclamait : « Tired of the fog ? Try the frogs ! » (« Marre du brouillard ? Essayez les grenouilles (surnom des Français pour les anglo-saxons) ! ».