Ehpad : les premiers gestes de Buzyn jugés insuffisants par les syndicats
Ehpad : les premiers gestes de Buzyn jugés insuffisants par les syndicats
Par François Béguin
Les organisations regrettent l’absence de « mesure immédiate » pour renforcer les effectifs dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées.
Difficile de circonscrire un incendie sans moyens supplémentaires. C’est pourtant ce qu’a tenté de faire, mardi 13 mars, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, à l’avant-veille de la deuxième journée de grève dans les maisons de retraite, jeudi 15 mars, à l’appel de neuf organisations syndicales, avec le soutien de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et le relais de la Coordination nationale infirmière (CNI). La précédente, le 30 janvier, avait mobilisé près d’un tiers (31,8 %) des salariés des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics et privés.
A l’occasion des assises nationales des Ehpad, rencontres professionnelles qui se tenaient à Paris, Mme Buzyn a tendu la main aux syndicats tout en fixant des lignes rouges à leurs revendications. « Je ne suis pas sourde à ce que j’ai entendu depuis ma prise de fonction, il est beaucoup question de souffrance », a-t-elle lancé, promettant de dévoiler à la fin du mois « les grandes orientations d’une stratégie globale » pour la prise en charge du vieillissement.
En signe de bonne volonté, elle s’est engagée à rencontrer les représentants de l’intersyndicale, ce qu’elle avait refusé de faire le 30 janvier. Un refus qualifié de « mépris » et de « provocation » par plusieurs syndicats lors d’une conférence de presse au siège de la CGT, vendredi 9 mars.
Annonces « très insuffisantes »
Face aux demandes syndicales de retrait de la réforme du financement des maisons de retraite, à l’origine d’une baisse des recettes pour « 20 % à 25 % » des établissements, Mme Buzyn a annoncé la mise en place d’un mécanisme permettant de neutraliser pendant un ou deux ans les pertes de recettes. Elle a également évoqué de possibles « ajustements » et « une modification du décret, sans pour autant remettre en cause les fondements » de la réforme engagée sous François Hollande.
Un geste qualifié de « premier premier pas » par Pascal Champvert, le président de l’AD-PA, pour qui le gel de la réforme est « la moindre des choses compte tenu de la situation ». « Les annonces de Mme Buzyn sont intéressantes car elles marquent une progression et une ouverture », estime Jean-Claude Stutz, le secrétaire national adjoint d’UNSA - Santé sociaux, tout en regrettant qu’il n’y ait « aucune mesure immédiate pour renforcer les effectifs ». A la CFTC Santé sociaux, Christian Cumin les juge globalement « très insuffisantes ».
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Car, si la ministre a bien fait un geste en direction de l’intersyndicale sur la question du mode de financement, elle a en revanche opposé un refus catégorique à la demande d’augmenter le taux d’encadrement en Ehpad jusqu’à un ratio d’un agent ou d’un salarié par résident contre 0,6 actuellement. « Ce ratio n’a aucun fondement théorique ou scientifique, il ne peut pas être considéré comme une norme », a-t-elle assuré, estimant que « la France n’a pas les moyens budgétaires de garantir ce taux » et que « nous ne disposerions pas non plus des ressources humaines pour l’atteindre ».