AFP

Après plus de quatre heures de réunion, mercredi 14 mars, à Tsingani, dans le centre de Mayotte, l’ensemble des dirigeants de l’intersyndicale et du collectif des citoyens ont rejeté les propositions qui avaient fait l’objet d’un accord de principe dans la nuit de mardi à mercredi avec la ministre des outre-mer, Annick Girardin.

Le porte-parole du mouvement, Fatihou Ibrahim, qui avait salué les « avancées réelles » de l’accord, rappelle qu’« aucun protocole n’a été signé » et que « la suspension du mouvement n’a pas encore été approuvée par la population ».

Les membres du collectif et de l’intersyndicale estiment que « des points manquaient » dans l’accord de principe, notamment sur les questions de sécurité. Les organisateurs réclament par exemple que les victimes des actes de violence soient considérées comme des victimes de terrorisme, et soient accompagnées comme telles par les pouvoirs publics, a expliqué un des porte-parole, Salim Naoulida.

Soupçons de trahison

Ils ont également dénoncé la communication du ministère des outre-mer mardi soir, qui, juste à l’issue de cinq heures de négociations, a annoncé « la construction d’un accord mettant un terme à la crise de Mayotte », alors que les syndicalistes annonçaient qu’ils allaient consulter la population sur la suite du mouvement et demander la levée des barrages.

Fatihou Ibrahim dénonce mercredi « des méthodes d’un autre temps » et « une volonté d’imposer coûte que coûte les choix du gouvernement » :

« La grève continue tant que nous n’aurons pas un vrai interlocuteur. Toutes les forces vives présentes ont rejeté les annonces du gouvernement puisqu’elles ont compris que c’était une mascarade. »

« Cela a été perçu comme une trahison, j’ai été accusé de tous les maux », a expliqué un autre porte-parole, Saïd Hachim. Mercredi, chacun des membres a dû jurer sur le coran (la population de Mayotte est à 95 % musulmane) qu’ils « ne trahiront pas le mouvement ».

« Plus d’Etat, mieux d’Etat »

Mme Girardin avait notamment accepté « 15 mesures d’urgence en matière de sécurité » demandées par l’intersyndicale, et dont le contenu n’a pas été entièrement précisé. La ministre a dit vouloir remettre « plus d’Etat, mieux d’Etat », sur le territoire.

Les organisateurs se sont dit prêts à rediscuter avec une délégation ministérielle, composés de trois hauts fonctionnaires restés sur place pour engager des travaux sur la sécurité, la lutte contre l’immigration clandestine et le développement du territoire.