La Russie économique et sociale en quelques chiffres
La Russie économique et sociale en quelques chiffres
Par Edouard Pflimlin
Aux commandes du pays depuis plus de dix-huit ans, Vladimir Poutine devrait être réélu à l’issue de la présidentielle, dimanche. Pourtant, son bilan économique et social est loin d’être flatteur.
Une femme âgée mendie dans une rue du centre de Moscou, le 29 janvier 2018. / MLADEN ANTONOV / AFP
La Russie, plus vaste pays du monde, est dotée de richesses exceptionnelles : hydrocarbures, minerais rares, forêts immenses… Pourtant, elle est confrontée à d’immenses difficultés économiques et sociales et reste dépendante d’une économie de rente fondée sur le pétrole. Le président russe, Vladimir Poutine, aux commandes depuis plus de dix-huit ans, devrait être réélu pour un 4e mandat à la tête du pays, à l’issue de la présidentielle dimanche 18 mars. Pourtant son bilan économique et social est loin d’être flatteur.
C’est le nombre d’habitants en Russie, selon l’édition 2018 du Bilan du Monde. Depuis 2009, la courbe de croissance de la population est repartie à la hausse, après des années de baisse après le pic atteint en 1992 (148,689 millions d’habitants). Selon Philippe Pelé-Clamour, spécialiste de la Russie et professeur à l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Paris, « la politique familiale de Poutine pour aider à partir du deuxième enfant n’a pas fonctionné dans les villes, mais seulement dans les campagnes ». Depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine, le taux de fécondité – en forte baisse depuis 1987 – est certes reparti à la hausse, mais il reste trop faible pour assurer le renouvellement des générations ; il était de 1,75 en 2015, selon les données disponibles les plus récentes.
C’est, en dollars, le montant du produit intérieur brut de la Russie, selon le Bilan du Monde, qui s’appuie sur les chiffres du Fonds monétaire international (FMI). Le pays, qui a le 12e plus gros PIB du monde, se place entre la Corée du Sud (1 529,7 milliards) et l’Espagne (1 307,2 milliards) et loin derrière les Etats-Unis, premiers avec 19 362,1 milliards de dollars. Le PIB russe, qui était à son plus-haut en 2013, représente actuellement un petit peu moins de 2 % du PIB mondial.
C’est le taux de croissance qu’a connu Russie en 2017, d’après les estimations du FMI. Pour 2018, la présidente de la Banque centrale de Russie, Elvira Nabioullina, a estimé, en décembre 2017, que la croissance serait « entre 1,5 % et 2 % ». Le pays a beau être sorti de la récession dans laquelle il était plongé depuis 2014, sous le double effet de la chute des cours du pétrole et des sanctions, la reprise reste fragile, notamment à cause de la production industrielle qui a suivi une brusque rechute en novembre 2017.
C’est le déficit budgétaire hors recettes pétrolières en 2017, selon le FMI. Avec les recettes pétrolières, il n’était que de 1 % en 2017. Cela montre la dépendance énorme du budget aux recettes des ventes d’hydrocarbures.
C’est, en dollars, le revenu national brut par habitant en 2016, selon la Banque mondiale. En hausse quasi constante depuis des dizaines d’années, ce chiffre accuse une baisse depuis 2013 et place aujourd’hui la Russie assez loin dans le classement mondial (entre la 55e et la 60e place, selon les modes de calcul), à quelques rangs devant le Kazakhstan, mais derrière notamment la Pologne et la Hongrie.
C’est l’espérance de vie moyenne en 2015, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec un écart très important entre les femmes (76,7 ans) et les hommes (65,9 ans). Cette moyenne reste bien en deçà de celle que connaissent la plupart des pays développés à l’instar de la France (82,4 ans) ou des Etats-Unis (78,8 ans).
C’est le nombre de nouveaux cas d’infection par le VIH enregistrés en 2016 parmi les citoyens russes, selon l’Onusida. Dans son rapport 2017, l’organisme saluait des améliorations sur l’épidémie partout dans le monde, sauf en Europe orientale et en Asie centrale. En Russie, l’épidémie s’est développée ces dernières années à un rythme inquiétant, puisqu’en 2010, le nombre de nouveaux cas se limitait à 62 581.
Selon les statistiques officielles russes, c’est le nombre de Russes vivant sous le seuil de pauvreté en 2016 ; 13 % de la population vivait cette année avec moins que le revenu minimal fixé à 9 691 roubles (environ 160 euros), soit le niveau le plus haut enregistré depuis dix ans. Ils n’étaient que 16,1 millions à vivre sous ce seuil en 2014, avant l’entrée de la Russie en récession à cause de l’effondrement des cours du pétrole et des sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. L’année 2016 fut donc la pire en Russie en termes de pauvreté depuis 2006, quand 21,6 millions de Russes vivaient sous le seuil de pauvreté.