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Sans impressionner outre mesure, les Jeux paralympiques de Pyeongchang ont donné pleine satisfaction à la délégation française. Terminés dimanche 18 mars par une cérémonie de clôture intitulée « Nous bougeons le monde », d’où les athlètes nord-coréens étaient absents car repartis dans leur pays, ils ont vu les athlètes français briller. Ils repartent avec 20 médailles, dont sept en or.

Ces Jeux ont aussi plu sur le plan de l’organisation, malgré un problème technique, qui a retardé d’une heure des épreuves de snowboard, et la météo, qui a contraint à modifier le calendrier de certaines épreuves. Les représentants français sur place ont noté quelques points exploitables pour les Jeux paralympiques d’été de Paris en 2024.

Aménagement express des infrastructures

Les organisateurs sud-coréens sont pourtant partis de quasi rien en matière d’infrastructures paralympiques. La région de Pyeongchang était peu équipée et restait difficile d’accès. D’importants travaux ont été effectués, notamment pour l’accès aux installations et aux magasins. Des toilettes publiques adaptées ont été installées partout. Certains restaurants les recommandent aujourd’hui, tant elles sont impeccables.

Les trains à grande vitesse KTX à destination des sites de compétitions ont été aménagés pour disposer de 15 places pour des fauteuils roulants, contre 5 normalement. Quarante-six des 1 765 bus assurant les navettes entre les sites et 139 minivans étaient équipés d’un système d’accès pour les fauteuils roulants.

Les participants ont également apprécié l’accueil des bénévoles, sud-coréens comme étrangers, prêts à les accompagner jusqu’à leurs destinations. Les sportifs et les visiteurs présentant un handicap pouvaient compter sur des services en langue des signes accessibles sur téléphone et des brochures en braille.

Cars affrétés et stars de la K-Pop

Autant de services qui ne représentent pourtant guère de vraies nouveautés. « Le cahier des charges pour l’organisation est tellement strict qu’il n’y a pas vraiment de surprises et de capacités d’apporter de réelles innovations », explique Christian Février, directeur technique national (DTN) de la Fédération française handisport.

Les Jeux paralympiques bénéficient de la logistique mise en place pour les Jeux olympiques qui les précèdent, un système mis en place depuis ceux de Séoul, en 1988. Ils s’appuient aussi sur l’expertise du Comité international paralympique. Tony Estanguet, président du comité d’organisation de Paris 2024, déclarait au début des Jeux au site spécialisé FrancsJeux :

« Je suis impressionné par la capacité des organisateurs sud-coréens à avoir aussi bien réussi la transition entre les deux événements. Le délai était très court, seulement deux semaines. »

Les Jeux sud-coréens présentaient quelques détails intéressants, ayant notamment permis aux sportifs de se concentrer sur leurs performances. « Les épreuves alpines étaient regroupées dans un seul site. Les déplacements, et donc les transports, toujours problématiques en handisport, étaient donc limités », a apprécié M. Février.

Côté public, la fréquentation a atteint, selon les organisateurs, un record avec 335 000 tickets vendus (à des prix ne dépassant pas 10 % de ceux des Jeux olympiques) contre 316 000 à Sotchi en 2014. La présence de nombreuses stars de la K-Pop et la venue quotidienne de la première dame, Kim Jung-sook, ont joué.

La délégation française a également trouvé intéressant l’affrètement de cars pour faire venir ponctuellement des groupes de spectateurs. Souvent, ces publics venaient voir une épreuve et repartaient, comme ce fut le cas samedi 17 mars pour les épreuves de ski de fond. « Là, on a vu pas mal de familles », note M. Février, qui apprécie le fait qu’aujourd’hui « on voit le sport de haut niveau et non plus le handicap ».

Le DTN a aussi salué l’absence de fort chauvinisme du public sud-coréen. « Ils encourageaient leurs athlètes, c’est normal, mais ils soutenaient aussi les autres. L’ambiance était agréable. » Et M. Février de noter que l’idée de faire venir des groupes de spectateurs par car pourrait être réutilisée.

Pour Tony Estanguet, l’organisation des Jeux paralympiques à Paris doit être vue comme un accélérateur pour permettre à la France de rattraper son retard « dans les transports, mais aussi dans l’hôtellerie ». Et le responsable de rappeler qu’un budget de 17 millions d’euros servira à la promotion des sports paralympiques. Et, comme à Pyeongchang, les billets seront proposés à des tarifs accessibles, avec des places à partir de 10 euros.