Un employé du consulat français à Jérusalem poursuivi pour trafic d’armes depuis Gaza
Un employé du consulat français à Jérusalem poursuivi pour trafic d’armes depuis Gaza
Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
L’employé doit comparaître lundi devant un juge israélien. Il est accusé d’avoir sorti des armes de la bande de Gaza.
Un employé de 24 ans du consulat de France à Jérusalem doit comparaître devant un juge israélien, lundi 19 mars, pour des charges graves. Le jeune homme a été arrêté il y a plusieurs semaines pour avoir fait sortir des armes de la bande de Gaza, territoire palestinien sous contrôle du Hamas depuis 2007, explique le Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien). Les enquêteurs précisent dans un communiqué que le Français avait reçu les armes d’un Palestinien travaillant pour le centre culturel français dans la bande de Gaza, très rare présence étrangère officielle dans ce territoire. Elles étaient destinées à un individu en Cisjordanie.
Selon Le Figaro, ce chauffeur du consulat aurait convoyé des dizaines d’armes à cinq reprises au cours des trois derniers mois, jusqu’à son arrestation, le 19 février. Elles étaient dissimulées à bord d’une voiture pourvue d’une plaque diplomatique, échappant aux contrôles d’habitude très rigoureux en cours au terminal d’Erez, la porte d’entrée vers Gaza au nord du territoire.
Le Drian attendu en Israël
L’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin Noun, a été reçue en urgence par le cabinet de Jean-Yves Le Drian à Paris. L’affaire tombe particulièrement mal alors que le ministre des affaires étrangères français est attendu les 25 et 26 mars en Israël. La diplomate israélienne a fait part du désir de son pays de juger l’employé du consulat. Paris a décidé de n’y faire aucun obstacle, au vu de la gravité des faits. Selon une source israélienne, il est envisageable que le suspect, en cas de condamnation, accomplisse sa peine de prison en France. La justice israélienne a imposé une interdiction de révélation (« gag order ») sur les détails de cette affaire. Elle devait être levée lundi, peu avant le début de l’audience au tribunal de Beer-Sheva, dans le sud du pays.
En raison de ce « gag order », on ne sait, pour l’heure, précisément dans quelles circonstances le Français a été repéré. Mais l’arrestation de plusieurs autres suspects dans cette enquête pour trafic d’armes laisse à penser que des auditions ont pu orienter les policiers. Selon une source israélienne, le Français ne savait pas forcément à qui étaient destinées les armes, convoyées vers Jérusalem-Est ou la Cisjordanie, où le Hamas essaie d’implanter des cellules pour d’éventuelles attaques.
Mais la coordination entre les services palestiniens et israéliens et les nombreuses arrestations qu’elle entraîne ont permis jusqu’à présent de limiter ses capacités de nuisance. Depuis deux ans, selon nos informations, l’armée israélienne a démantelé quatre-vingt-dix ateliers de fabrication d’armes en Cisjordanie et saisi plus de mille armes. « Les responsables internationaux doivent mettre leur maison en ordre, afin de s’assurer que leur assistance est fournie aux résidents de Gaza plutôt qu’au terrorisme », a réagi le major général Yoav Mordechaï, coordinateur des activités du gouvernement israélien dans les territoires palestiniens (Cogat).