Bus électrique : en choisissant Heuliez et Bolloré, la RATP confirme qu’elle aime acheter français
Bus électrique : en choisissant Heuliez et Bolloré, la RATP confirme qu’elle aime acheter français
Par Éric Béziat
Les constructeurs tricolores ont emporté un marché pour un montant estimé entre 5 millions et 20 millions d’euros chacun.
Un Bluebus électrique de Bolloré, le 14 mars, à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). / DAMIEN MEYER / AFP
En attendant le résultat de l’énorme appel d’offres en cours de 250 à 1 000 bus électriques, la RATP a confirmé, lundi 19 mars, l’achat aux sociétés Bolloré et Heuliez d’autobus à batteries pour un montant compris entre 5 millions à 20 millions d’euros chacun, soit une quarantaine de véhicules au maximum pour l’un et l’autre constructeur.
Ce sont des engins fabriqués dans le Finistère (les Bluebus de Bolloré) et dans les Deux-Sèvres (berceau d’Heuliez Bus), qui ont été choisis par la régie autonome, dans le cadre d’un appel d’offres lancé en février 2017 par la RATP et Ile-de-France Mobilités, et décomposé en deux lots identiques destinés à deux constructeurs différents. Les véhicules seront livrés à l’opérateur des transports parisiens sur une période de deux ans.
C’est une victoire pour les deux entreprises, mais peut-être plus encore pour Heuliez Bus, qui emporte, pour la première fois, un appel d’offres sur l’énorme marché parisien. L’entreprise deux-sévrienne, qui avait réussi à placer, ces derniers mois, des bus électriques à Mulhouse (5 véhicules), à La Rochelle (3) et à Trondheim, aux Pays-Bas (10), emporte là sa plus grosse commande pour son offre électrique. Elle est aussi la deuxième entreprise, après Bolloré, à s’arroger un appel d’offres à Paris pour des grands bus électriques (12 mètres).
Bataille d’influence entre les constructeurs
En effet, Blue Solutions, la filiale des véhicules à batterie du groupe Bolloré (elle fait aussi les Autolib’), était une habituée des victoires sans partage sur le marché des bus électriques de la RATP. Elle fait déjà rouler une bonne quarantaine de bus sur les lignes parisiennes 341, 115 et 126.
Dans la bataille d’influence entre les constructeurs pour rafler la mise du marché parisien, les petits français avancent donc leurs pions crânement face à la concurrence espagnole (Irizar), polonaise (Solaris) et surtout chinoise (Yutong et BYD). Ces derniers pourraient faire remarquer qu’Heuliez n’est pas si française que ça, puisque la société appartient à la holding de droit néerlandais CNH Industrial (ex-Fiat Industrial), également maison mère des camions Iveco. D’autant plus que les constructeurs chinois, s’ils gagnaient des appels d’offres significatifs à Paris, assembleraient leurs bus en Alsace, en partenariat avec Dietrich Carebus (Yutong), ou dans l’Oise, près de Beauvais (BYD).
Mais, installée à Rorthais (Deux-Sèvres) depuis presque quarante ans, Heuliez a droit au label Origine France garantie et est équipée de batteries conçues et mises au point par la PME francilienne Forsee Power à partir de cellules japonaises et coréennes.