Le réseau fréquenté par 800 millions de personnes chaque mois ouvre sa fonction Shopping à huit pays : le Canada, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Brésil et l’Australie. / Thomas White / REUTERS

Instagram franchit le Rubicon. Le réseau de partage de photos né en 2010 et racheté par Facebook deux ans plus tard, lance en France, mardi 20 mars, Shopping, une nouvelle fonctionnalité destinée à la vente en ligne de produits de mode et de cosmétiques.

« Les Américains sont déjà familiers de cette fonction, qui leur permet d’acheter en un clic les produits qu’ils ont repérés sur le réseau social », explique Julie Pellet, responsable du développement de la marque Instagram en France et dans le sud de l’Europe.

La filiale du groupe Facebook avait déjà installé cette fonctionnalité outre-Atlantique en novembre. Elle participe d’une offensive lancée en 2016 pour mieux séduire les entreprises. A en croire les équipes d’Instagram, le bilan de ce test serait concluant. Les sociétés qui ont fait appel à cette fonction auraient largement renforcé l’audience de leur site de ventes en ligne et augmenté leurs ventes.

Le réseau que fréquentent 800 millions de personnes par mois ouvre désormais cette fonction à huit autres pays : le Canada, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Brésil et l’Australie. Le reste du monde devrait en bénéficier au cours de l’année.

Toucher jeunes adultes et adolescents

Instagram aurait aussi comme projet de lancer une fonctionnalité analogue pour les entreprises de services. Les restaurants et bars pourraient ainsi offrir à leurs abonnés la possibilité de réserver une table. Le développement du bouton Shopping semble infini.

Les tour-opérateurs, compagnies aériennes et autres professionnels du tourisme pourraient aussi devenir accros, tant Instagram joue un rôle de premier plan pour inspirer les candidats aux voyages, que ce soit en matière de destinations, d’adresses et de modes de transport.

Désormais, 72 % des utilisateurs d’Instagram se décident à acheter un produit après l’avoir vu sur le réseau social, d’après une étude menée par L2 Inc, en octobre 2017. Et 80 % des membres de la communauté Instagram suivent au moins une marque.

Dès lors, toutes les marques cèdent à ce social marketing, notamment pour toucher les jeunes adultes et les adolescents qui délaissent les magazines féminins, boudent la télévision et bousculent l’économie des médias traditionnels.

Générer des revenus pour les marques

La nouvelle fonction Shopping pourrait inciter les adolescents à acheter un produit avec leur téléphone, sans attendre ni avoir à saisir l’URL de la boutique en ligne concernée – au grand désarroi de leurs parents.

Dans l’Hexagone, cinq entreprises – Sephora, Clarins, Birchbox, La Redoute et Le Slip français, ont d’ores et déjà entrepris d’installer la fonctionnalité Shopping sur leurs comptes. Pourquoi ? « Sur une story Instagram vue par 20 000 personnes, un lien direct pourrait nous apporter 400 à 500 clics sur notre boutique en ligne. Si vous ramenez ce chiffre à la fréquentation d’un point de vente physique, vous imaginez l’intérêt !», s’enthousiasme Guillaume Gibault, fondateur et président du Slip français. La marque de sous-vêtements est très présente sur les réseaux sociaux depuis ses débuts. Son compte est suivi par 93 000 personnes.

Instagram tente ainsi de tirer davantage de recettes de son audience record. « Avec 25 millions de comptes entreprises actifs, Instagram poursuit son ambition d’être une plate-forme qui génère des revenus pour les marques et qui leur permet de se développer », explique le réseau dans un communiqué.

Le lancement de cette nouvelle fonctionnalité s’accompagne de celui d’un service de publicité qui permet aux entreprises de vanter les mérites de leurs produits. En mars, Instagram a franchi la barre des deux millions d’annonceurs.