Le premier ministre du Mali attendu à Kidal, bastion de l’ex-rébellion
Le premier ministre du Mali attendu à Kidal, bastion de l’ex-rébellion
Sa visite, reportée à vendredi, intervient alors que 5 soldats français ont été blessés jeudi dans la ville. En 2014, le dernier passage d’un chef de gouvernement malien avait entraîné de violents combats.
Le premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga, a entamé jeudi 22 mars une visite dans le nord et le centre du pays qui doit le mener à Kidal, ville sous contrôle de l’ex-rébellion, une première depuis 2014.
Cette étape hautement symbolique, prévue dans l’après-midi, a été reportée à vendredi, officiellement pour des raisons météorologiques. Dans la matinée, une attaque contre le camp de la Mission de l’ONU (Minusma) et de la force française Barkhane y a fait cinq blessés légers parmi les militaires français, selon l’état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels.
M. Maïga est arrivé en milieu de matinée avec sa délégation comprenant huit ministres à Tessalit (nord-est), où il a rencontré les habitants et les militaires maliens stationnés dans cette localité proche de la frontière algérienne, a rapporté un correspondant de l’AFP.
« Un signal fort »
Il devait y passer la nuit avec sa délégation à cause de mauvaises conditions météorologiques, a-t-on indiqué de source officielle. L’avion « du premier ministre n’a pas pu décoller vers Kidal, à cause du mauvais temps. L’étape de Kidal se fera donc demain vendredi », a déclaré à la presse une personne chargée de l’organisation du voyage.
Dans un communiqué, le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, qui participe à ce voyage, a condamné l’attaque, qualifiée de « tentative lâche perpétrée par les ennemis de la paix dans le but d’entraver ces évolutions positives symbolisées par la visite du Premier ministre à Kidal, qui est un signal fort pour la paix et la réconciliation au Mali ».
La ministre française des Armées, Florence Parly, a également estimé à Paris qu’il existait « très probablement un lien entre cette attaque et l’intention exprimée par le Premier ministre malien de se rendre à Kidal ».
Lors de sa rencontre avec les militaires maliens, M. Maïga leur a promis de les « mettre dans les meilleures conditions pour faire face à l’ennemi commun qui est le terrorisme ». « Il est important que vous sachiez que vous n’êtes pas seuls ».
La députée de Tessalit, Aïcha Belco Maïga, s’est félicitée de cette visite. « C’est la première fois depuis six ans qu’une haute autorité malienne vient à Tessalit », a-t-elle déclaré à l’AFP. « Le Premier ministre a pris bonne note de nos problèmes », a-t-elle ajouté, citant les questions d’éducation et de santé.
Il doit également se rendre à Gao et Tombouctou, ainsi que dans plusieurs localités du centre du pays.
« Je me rendrai à Kidal, où depuis quasiment six ans, il n’y a pas d’administration d’Etat », a expliqué mardi M. Maïga, en référence à la rébellion de 2012 dans le nord du Mali. « La meilleure démarche est donc de se rendre sur place, sans arrogance, avec le sens de l’écoute, connaître les attentes urgentes des populations ».
Présence de l’Etat très réduite
En octobre 2016, la rentrée des classes à Kidal s’était tenue en présence du gouverneur désigné par le gouvernement, Koïna Ag Ahmadou, lors d’une cérémonie avec levée du drapeau malien. Depuis, la présence de l’Etat était très réduite.
L’Etat malien n’avait pas repris pied à Kidal depuis des combats en mai 2014 pendant une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, qui s’étaient soldés par une lourde défaite de l’armée face aux rebelles.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.