A Montpellier, des étudiants violemment expulsés de la fac de droit par des individus cagoulés
A Montpellier, des étudiants violemment expulsés de la fac de droit par des individus cagoulés
Par Eric Nunès
Une douzaine d’hommes cagoulés ont agressé et expulsé de la faculté de droit, dans la nuit, des étudiants qui occupaient un amphithéâtre.
Scènes de violences à la faculté de droit à Montpellier
Durée : 01:31
Des étudiants qui occupaient, jeudi 22 mars dans la soirée, un amphithéâtre de l’université de Montpellier, ont été violemment agressés et expulsés de la faculté par un groupe d’hommes cagoulés.
L’occupation de l’amphithéâtre Urbain-V de la faculté de droit avait été décidée quelques heures plus tôt, lors d’une assemblée générale qui avait réuni des participants de la manifestation contre la réforme du bac et de l’accès aux études supérieures. Ils avaient alors voté la tenue d’une nouvelle AG, vendredi à 8 heures, et choisi d’occuper les locaux dans l’intervalle pour s’assurer d’y avoir toujours accès.
Axel Pessemier, étudiant en troisième année de licence de l’université Montpellier-III Paul-Valéry, faisait partie des occupants. Interrogé par Le Monde, il témoigne :
« Peu après minuit, nous étions tranquillement en train de manger, d’écouter de la musique. Nous étions encore 40 à 50 sur place, quand un groupe d’une dizaine d’individus, cagoulés et armés de bâtons et de morceaux de palettes de bois brisés se sont introduits dans l’amphithéâtre par les portes annexes, alors que les agents de sécurité de l’université gardaient les portes principales. Ils nous ont bousculés, frappés. Certains d’entre nous sont tombés à terre, ils ont encore été frappés. »
Un témoignage qui corrobore celui d’une étudiante, recueilli par France 3 Occitanie.
Alors que l’amphithéâtre était calme et sous le contrôle de la sécurité de l’université, « le groupe d’agresseurs est entré sans difficulté », souligne Thomas Levy, personnel administratif de l’université Paul-Valéry qui participe à la mobilisation. L’une des vidéos prises durant l’agression montre, en effet, des personnels de sécurité présents dans le haut de la salle alors que les agresseurs évacuent violemment les occupants en partant du bas ou des côtés de l’amphithéâtre.
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Le doyen de la faculté mis en cause par les étudiants
Selon plusieurs témoignages, les grilles de la faculté ont été refermées dès l’expulsion des manifestants, mais les gardiens comme les agresseurs sont restés ensemble à l’intérieur de l’établissement. Des étudiants présents accusent le doyen de la faculté de droit de Montpellier, Philippe Pétel, d’avoir laissé faire cette évacuation musclée.
Interrogé par France 3, l’universitaire assure qu’il n’a fait « entrer personne » et évoque « une cinquantaine d’étudiants qui étaient là et qui ont voulu se défendre », avant d’ajouter que les étudiants en droit présent étaient « tous contre l’occupation ». Quant à la tenue des « défenseurs », « si certains étaient cagoulés, je n’en sais rien. Des cagoulés, j’en ai vu de temps en temps, mais ils étaient dans le clan des occupants. Je suis assez fier de mes étudiants. Je les approuve totalement », a ainsi déclaré le doyen. Plusieurs jeunes ont été blessés et hospitalisés.
Une enquête missionnée par Frédérique Vidal
« Comment ces individus ont-ils pu pénétrer dans la faculté, menacer et commettre des actes violents sans que personne n’intervienne ? », interroge dans un communiqué Muriel Ressiguier, députée (La France insoumise) de l’Hérault. Le syndicat Solidaires étudiant·e·s réclame dans un communiqué que « des poursuites judiciaires soient prises », ainsi que le « renvoi » de Philippe Pétel.
Un appel partiellement entendu, puisque le président de l’université de Montpellier, Philippe Augé, a déclaré au Monde qu’il porterait plainte contre X. « Les vidéos de la scène sont surprenantes, concède le professeur de droit, je m’en remets à l’autorité judiciaire. » La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a, pour sa part, « condamné avec la plus grande fermeté ces actes de violence ». Elle rappelle « que l’université est et doit rester le lieu du dialogue et du débat » et a missionné sur place l’Inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la recherche (IGAENR), afin qu’elle débute une enquête. La présidence de l’université de Montpellier a annoncé la fermeture de l’université jusqu’au lundi 26 mars.