Les partisans du Brexit accusés d’avoir contourné le plafond de dépenses durant la campagne de 2016
Les partisans du Brexit accusés d’avoir contourné le plafond de dépenses durant la campagne de 2016
Des médias britanniques ont publié, samedi 24 mars, le témoignage d’un ancien militant de la campagne du « Leave ».
Boris Johnson durant la campagne pour le Brexit de 2016, à la tête du groupe « Vote Leave ». / MARY TURNER / AFP
Les partisans du Brexit auraient dépassé le plafond des dépenses autorisées par la loi britannique durant la campagne de 2016, selon un militant ayant participé à la campagne, Shahmir Sanni, dans des interviews à Channel 4 News et à The Observer, publiées samedi 24 mars. L’accusation implique de nombreux membres du gouvernement de Theresa May, à commencer par Boris Johnson, le ministre des affaires étrangères et fer de lance de la campagne du Brexit.
Selon M. Sanni, le groupe baptisé « Vote Leave », principal acteur de la campagne en faveur de la sortie de l’Union européenne, aurait versé des fonds à un autre groupe faisant campagne en faveur du Brexit, afin d’éviter de dépasser le plafond légal des dépenses.
Selon les éléments rapportés par The Observer et Channel 4 News, « Vote Leave » était proche de la limite légale de 7 millions de livres sterling (8 millions d’euros) lorsque, dans les derniers jours de la campagne, il a fait une donation de 625 000 livres sterling au fondateur du groupe BeLeave, Darren Grimes.
« Ce n’était pas légal »
Or, alors que la loi électorale britannique interdit la coordination entre des campagnes supposées être indépendantes, M. Sanni assure que Darren Grimes n’a eu aucun contrôle sur la manière dont cet argent a été dépensé. Toutes les décisions concernant ces 625 000 livres seraient passées par Stephen Parkinson, ancien coordinateur de la campagne du Brexit et aujourd’hui conseiller spécial de la première ministre, Theresa May.
« Ils ont utilisé BeLeave pour dépasser le plafond des dépenses, et pas juste pour un petit moment… Deux tiers d’un million de livres font toute la différence, et ce n’était pas légal », affirme l’ancien militant, qui a précisé avoir rapporté ses allégations à la commission électorale jeudi.
L’affaire fait suite aux révélations concernant l’entreprise britannique Cambridge Analytica, qui a notamment travaillé pour la campagne électorale numérique de Donald Trump et est accusée d’avoir siphonné en 2013 les données de 50 millions d’utilisateurs de Facebook sans leur consentement. Car Shahmir Sanni affirme que la majeure partie de cette donation a été versée à l’entreprise canadienne Aggregate IQ (AIQ), dont The Observer a montré qu’elle était liée à Cambridge Analytica.
« Totalement ridicule »
Le directeur de Vote Leave, Dominic Cummings, a démenti ces accusations en assurant qu’il avait demandé l’avis de la commission électorale avant d’effectuer le virement au groupe BeLeave. Il a également nié tout lien entre sa campagne et Cambridge Analytica, dénonçant des accusations « factuellement fausses, désespérément confuses, ou sans aucun sens ». Stephen Parkinson a, lui aussi, démenti toutes les allégations de M. Sanni, tout comme le fondateur de BeLeave, Darren Grimes.
Le ministre des affaires étrangères Boris Johnson a également vivement réagi, condamnant des affirmations « totalement ridicules ». « #VoteLeave a gagné de manière honnête – et légalement. Nous quittons l’Union européenne dans un an », a écrit le ministre sur Twitter. Quant à la Commission électorale, elle a déclaré qu’elle menait plusieurs enquêtes au sujet de la campagne de 2016 et qu’elle ne « comment[ait] pas des enquêtes en cours ».