Un homme en garde à vue après la mort d’une octogénaire juive dans un incendie
Un homme en garde à vue après la mort d’une octogénaire juive dans un incendie
Le Monde.fr avec AFP
Mireille K., rescapée de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942, a péri vendredi dans l’incendie de son appartement du XIe arrondissement de Paris. Elle portait des traces de coups de couteau.
Un homme a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour meurtre après la découverte du corps d’une octogénaire de confession juive dans l’incendie de son appartement à Paris, a-t-on appris dimanche 25 mars de sources concordantes.
Les premières constatations sur les lieux de l’incendie survenu vendredi vers 18 h 30 dans le XIe arrondissement de la capitale ont conduit les policiers à s’orienter rapidement vers une piste criminelle. Deux départs de feu ont été constatés par les secours dans l’appartement où la victime âgée de 85 ans vivait seule.
Selon une source judiciaire, une enquête en flagrance pour meurtre a été ouverte le jour même et confiée aux policiers du 2e district de police judiciaire (DPJ).
Le lendemain, les enquêteurs ont placé en garde à vue un suspect, né en 1989, a précisé cette source. Selon une source proche du dossier, une première autopsie a permis de révéler l’existence de traces de coups de couteau sur le corps de la victime.
Le mobile du meurtre reste pour l’heure inconnu. Interrogé dimanche, le parquet de Paris « n’écarte aucune hypothèse ».
« Crime barbare »
Cette femme, Mireille K., était « de confession juive », a souligné dimanche soir dans un communiqué le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). C’était « une rescapée de la rafle du Vel d’Hiv » en juillet 1942, a précisé sur sa page Facebook le député UDI Meyer Habib, après s’être entretenu avec l’un des fils de la victime.
« L’enquête fait état d’éléments ne relevant pas d’un caractère antisémite, toutefois cette piste n’est pas écartée à date et doit être encore approfondie », a indiqué le SPCJ, le service de sécurité communautaire, qui œuvre en lien étroit avec la police.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), instance de représentation politique de la communauté juive organisée, « attend des autorités la plus totale transparence dans l’enquête en cours afin que les motifs de ce crime barbare soient connus de tous le plus rapidement possible », a-t-il souligné dans un communiqué.
Le souvenir de Sarah Halimi
Le président du Consistoire israélite (organe de représentation religieuse), Joël Mergui, a de son côté dit vouloir « comprendre ce qui s’est passé et ne pas laisser se reproduire le silence qui avait suivi l’assassinat de Sarah Halimi il y a un an dans le même arrondissement ».
En avril 2017, Sarah Halimi, une juive orthodoxe de 65 ans, avait été tuée à Paris par son voisin. Aux cris d’« Allah Akbar », entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, le jeune homme l’avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer.
Après des mois de bras de fer judiciaire, le caractère antisémite du meurtre a été retenu par la juge d’instruction début mars. Ce meurtre, aux circonstances d’abord confuses pour les enquêteurs, avait au fil des semaines suscité une vive émotion dans la communauté juive et au-delà. « Nous avons pris des mois et des mois à caractériser ce qui était une évidence pour ceux-là même qui avaient constaté le crime », avait relevé le président Emmanuel Macron lors du dîner du Crif le 7 mars.