Une vidéo d’allégeance au groupe Etat islamique (EI) a été retrouvée sur une clé USB appartenant à Cherif Chekatt, l’auteur de l’attentat du 11 décembre sur le marché de Noël de Strasbourg, selon une source judiciaire rapportée par l’AFP, confirmant une information de l’hebdomadaire Marianne.

L’attentat avait fait cinq morts et onze blessés. Il avait été revendiqué par l’organe de propagande du groupe jihadiste quelques minutes après la mort, sous les tirs de riposte de policiers et après quarante-huit heures de traque, de ce délinquant multirécidiviste de 29 ans, fiché S pour sa radicalisation islamiste.

Cette revendication avait été qualifiée d’« opportuniste » par le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, le 14 décembre. Il arrive fréquemment que l’EI revendique des attentats inspirés par sa propagande, sans qu’ils aient été commandités ou coordonnés par une cellule. Certaines de ces revendications se sont avérées opportunistes, voire même fallacieuses, comme celle de la fusillade de Las Vegas, le 1er octobre 2017, perpétrée par un retraité sans aucun lien avec la mouvance djihadiste.

Mais la découverte d’une clé USB contenant une vidéo d’allégeance à l’EI, au cours de l’une des perquisitions entreprises dans la foulée de l’attentat, a battu en brèche cette analyse.

Deux jours de chasse à l’homme

Le 11 décembre au soir, Chérif Chekatt avait attaqué des passants dans le centre historique de Strasbourg, armé d’un vieux revolver et d’un couteau, avant de parvenir à s’enfuir. Des témoins l’ont entendu crier « Allah Akbar ». Après deux jours de chasse à l’homme, il a été tué par des policiers le 13 décembre dans une rue du quartier du Neudorf, au sud du centre-ville, là même où les forces de l’ordre avaient perdu sa trace.

Délinquant de droit commun, condamné à 27 reprises et suivi par les autorités en raison de sa radicalisation islamiste, ce Strasbourgeois de 29 ans avait échappé le matin de l’attaque à un coup de filet dans une affaire de vol à main armée et de tentative d’homicide, avec « sa bande de malfrats », selon une source proche du dossier.

Un homme de 37 ans, soupçonné d’avoir joué un rôle dans la fourniture de son revolver de la fin du XIXe siècle, a été mis en examen lundi et placé en détention provisoire. Au lendemain de la mort du tueur, le procureur de Paris avait déclaré que l’enquête allait « se poursuivre pour identifier d’éventuels complices ou coauteurs susceptibles de l’avoir aidé ou encouragé dans la préparation de son passage à l’acte ». Un frère de Chérif Chekatt, également fiché S (pour "Sûreté de l’État) en raison de sa radicalisation, avait fait rapidement l’objet d’un mandat de recherche du parquet antiterroriste. Il a été interpellé en Algérie au lendemain de l’attaque, selon plusieurs sources proches du dossier. Placés en garde à vue, les parents et deux frères de Cherif Chekatt ont, eux, été remis en liberté sans poursuites à ce jour.

Attentats à Strasbourg : le récit de la traque de Cherif Chekatt
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