PS : les enjeux de l’élection d’Olivier Faure au poste de premier secrétaire
PS : les enjeux de l’élection d’Olivier Faure au poste de premier secrétaire
Par Gilles Rof, Astrid de Villaines
Seul candidat en lice, Olivier Faure sera officiellement élu, jeudi soir, avant d’être investi premier secrétaire les 7 et 8 avril, lors du Congrès du parti.
Les militants du Parti socialiste (PS) sont de nouveau appelés aux urnes, jeudi 29 mars, pour désigner leur futur secrétaire général. Un seul candidat est en lice : Olivier Faure, arrivé largement en tête du premier tour, le 15 mars, avec 48,56 % des voix. Arrivé en deuxième position, avec 26,10 % des suffrages, Stéphane Le Foll s’est retiré le lendemain du scrutin.
Outre le choix du futur « patron » du PS, les adhérents du PS devront également désigner « les premiers fédéraux [les chefs de file du parti dans chaque département] et les secrétaires de section : ceux qui vont mener les batailles pour la rénovation idéologique et préparer les échéances à venir », explique le coordinateur du PS, Rachid Temal, qui ne fixe aucun seuil de participation.
L’espoir d’une « participation correcte »
« Il n’y a pas d’enjeu ». Voilà comment les cadors du PS résument ce second tour. Le futur premier secrétaire minimise lui-même l’importance de cette élection : « Etant le seul candidat, l’enjeu est assez faible », a estimé M. Faure, mercredi 28 mars à Toulouse, où il effectuait son dernier déplacement de campagne.
Le président du groupe « Nouvelle Gauche » à l’Assemblée nationale espère tout de même une « participation correcte » afin « d’assoir cette renaissance », thème qu’il a porté tout au long de la campagne.
Il y a deux semaines, ils étaient 37 014 militants socialistes à prendre part au vote du premier tour, sur les 102 000 revendiqués par le parti (en comptant les adhésions depuis 2015). Pas sûr qu’ils soient autant à se déplacer jeudi soir, alors qu’Olivier Faure est sûr de l’emporter.
Un seul candidat en lice dans 70 % des fédérations
Les militants n’auront guère plus le choix sur le vote de leurs représentants locaux, puisque 70 % des fédérations ne présentent qu’un seul candidat au poste de premier fédéral.
« C’est la jurisprudence Le Foll ! », se félicite Luc Carvounas, ex-candidat au poste de premier secrétaire (arrivé en dernière position au premier tour avec 6,36 % des voix), qui y voit « un signe de rassemblement du parti ».
« Pas du tout, c’est très classique », répond Rachid Temal. « Quand il y a un vote clair sur les motions, c’est naturel qu’il n’y ait qu’un candidat au poste de premier fédéral, abonde un fin connaisseur de la rue de Solférino. Beaucoup n’ont pas envie de s’infliger une défaite. »
Même en Seine-Saint-Denis, où les discussions ont été animées entre Mathieu Monot, le candidat d’Olivier Faure, et l’ancien député Daniel Goldberg, le candidat d’Emmanuel Maurel – le représentant de l’aile gauche du PS, arrivé troisième au premier tour pour le poste de secrétaire général (18,98 % des voix) –, les deux hommes ont fini par se mettre d’accord.
M. Monot sera le seul candidat et M. Goldberg participera à l’équipe de direction avec ses troupes. Ce dernier, ancien frondeur, relativise l’importance de ce scrutin : « La plus grande section PS de France, c’est celle qui nous a quittés. Il faut dépasser nos divisions et s’adresser aux Français. Si le PS n’arrive plus à intéresser, alors notre avenir s’écrira en pointillé. »
« Mascarade » dans les Bouches-du-Rhône
Dans les Bouches-du-Rhône, la situation est assez atypique. La candidate au poste de première fédérale, Nora Mebarek, conseillère municipale d’Arles, est soutenue par Emmanuel Maurel mais aussi par Marie-Arlette Carlotti, ex-ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et soutien de Stéphane Le Foll pendant la campagne.
Face à elle, Yannick Ohanessian, le candidat d’Olivier Faure et Luc Carvounas, s’est finalement retiré dans la nuit de mercredi à jeudi. Par communiqué, il dénonce d’avance « des irrégularités ». « Je refuse de cautionner ce scrutin qui s’apparente plus à une mascarade qu’à un combat à armes égales », a-t-il écrit. L’ex-puissante fédération des Bouches-du-Rhône reviendra donc à Emmanuel Maurel, une belle prise.
Il faudra scruter le rapport de force entre le représentant de l’aile gauche et Olivier Faure, tenant de la ligne majoritaire. Emmanuel Maurel compte remporter « entre dix et vingt fédérations », ce qui lui permettrait d’asseoir ses troupes et de mesurer son poids dans le parti. Outre la fédération symbolique des Bouches-du-Rhône où il était arrivé en tête, il devrait pouvoir compter sur l’Aube et la Nièvre, où il a réalisé d’excellents scores (72 % et 68 %). Olivier Faure, qui disposera de toute façon d’une écrasante majorité, sera officiellement investi premier secrétaire du PS lors du Congrès d’Aubervilliers les 7 et 8 avril prochains.