Avocats et greffiers de toute la France ont rivalisé d’actions symboliques ce vendredi 30 mars, baptisé « journée justice morte », pour montrer leur opposition au projet de réforme de la justice.

Ceux de Bordeaux, Marseille et Besançon ont opté pour une minute de silence en hommage à la mémoire de « cette justice morte qu’on veut nous imposer », leurs comparses nantais pour une couronne de fleurs mortuaire barrée du message « Justice morte par ordonnance » jetée à l’eau. A Lyon, ils ont entassé au sol des codes Dalloz, la bible des juristes. Ambiance plus traditionnelle dans la capitale, où une centaine de professionnels de la justice se sont réunis sur les marches du Palais de justice et ont scandé « non » à l’énoncé de plusieurs points de la réforme.

Le projet de loi de programmation de la justice, qui couvre un large spectre (réforme de la procédure pénale, de la procédure civile, numérisation de la justice, réforme des peines et de l’organisation territoriale), devrait être examiné en conseil des ministres le 18 avril. Il pourrait être soumis avant l’été au Parlement.

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« Sacrifier tout ce qui peut l’être »

Ce projet de réforme de la justice annonce « sans surprise la mort de la justice, au terme d’une longue maladie », dénoncent dans un communiqué l’Union syndicale des magistrats (USM), le Syndicat de la magistrature (SM), le Syndicat des avocats de France (SAF) ainsi que la CGT-Chancelleries et services judiciaires et d’autres syndicats.

Les organisations mobilisées ont dressé une liste de leurs principaux griefs contre cette réforme : « Suppression des 307 tribunaux d’instance et de la fonction spécialisée de juge d’instance, organisation judiciaire illisible et éloignée du citoyen, déshumanisation de la justice, privatisation du contentieux civil ». Ils dénoncent aussi une « régression des droits de la défense, [un] recul du contrôle de la justice sur les atteintes aux libertés publiques, [une] suppression larvée du juge d’instruction et du juge de l’application des peines, [une] réduction de la collégialité ».

« Le projet du gouvernement a le mérite de la cohérence : racler, réduire, supprimer, sacrifier tout ce qui peut l’être, au détriment de la qualité, pour que les jugements – ou leurs ersatz – sortent le plus vite possible, à moindre coût et que les personnels ne soient plus que des pions à déplacer », critiquent-ils. Une deuxième journée « justice morte », avec un rassemblement national à Paris, est déjà annoncée pour le 11 avril.