L’Italie accuse des douaniers français d’être entrés sans permission dans un local pour migrants
L’Italie accuse des douaniers français d’être entrés sans permission dans un local pour migrants
Le Monde.fr avec AFP
Le parquet de Turin a annoncé dimanche avoir ouvert une enquête sur la présence de douaniers français dans un local de la gare de Bardonnèche.
Des douaniers français en gare de Bardonecchia, une commune alpine frontalière italienne, le 12 janvier 2018. / PIERO CRUCIATTI / AFP
Le parquet de Turin a annoncé, dimanche 1er avril, avoir ouvert une enquête sur la présence de douaniers français dans un local de la gare de Bardonnèche (Bardonecchia en italien), une commune alpine à la frontalière italienne. L’Italie accuse des douaniers français d’être entrés sans permission, vendredi 30 mars, dans un centre communal pour migrants, mis à la disposition de l’ONG Rainbow for Africa. Ils auraient alors réclamé à l’ONG d’utiliser les locaux pour soumettre un Nigérian qu’ils venaient d’interpeller dans un train à un dépistage urinaire de drogue.
Sont envisagés à ce stade encore préliminaire plusieurs chefs dans cette enquête, dont « abus de pouvoir », « violence privée » et « violation de domicile », selon une note du procureur de Turin, citée par l’agence de presse italienne AGI. La justice italienne pourrait aussi y ajouter le chef « d’acte de perquisition illégal ».
« Pas le droit d’entrer »
Le parquet avait reçu au préalable un rapport du commissariat de la petite station de ski de Bardonnèche sur l’entrée des douaniers dans le local. La gare italienne de Bardonnèche est la dernière avant la France. De nombreux migrants désireux de passer en France montent à cette gare, avant d’être très souvent interpellés dans le train où circulent quotidiennement environ sept agents français. La police aux frontières reconduit alors les migrants à Bardonnèche, puis repart. Sauf cette fois, où ils sont entrés dans le local de l’ONG.
« Ils n’avaient pas le droit d’entrer, aucun droit. Ce sera la première et la dernière fois. Je suis très énervé par ce qui est arrivé, et amer », a déploré le maire de la ville, Francesco Avato, interrogé par La Repubblica. L’ONG Rainbow for Africa considère que l’action des agents français dans son local « viole les principes inviolables d’indépendance, de neutralité, d’impartialité et d’humanité ».
Darmanin à Rome
La France a jugé, samedi, que la présence des douaniers était parfaitement légale, mais le ministère des affaires étrangères italien n’est pas de cet avis. Ce dernier avait convoqué samedi l’ambassadeur de France à Rome et a évoqué « un acte grave, considéré totalement en dehors du cadre de la collaboration entre Etats frontaliers ».
Le ministre des comptes publics français, Gérald Darmanin, qui a la tutelle des douanes, a annoncé dimanche son intention de se rendre à Rome pour « s’expliquer » avec les autorités italiennes. Le contrôle, « notamment un test urinaire, pour voir s’il avait de la drogue en lui » a été effectué « dans un local mis à disposition dans le cadre d’un accord franco-italien, c’est vrai qui date un peu, mais il existe », a affirmé M. Darmanin dimanche.
Selon la France, le contrôle a été fait dans un « local attenant à la gare de Bardonnechia, mis à la disposition de la douane française en application des accords du bureau à contrôles nationaux juxtaposés (BCNJ) de 1990 ».
De son côté le ministère des affaires étrangères italien a qualifié d’« inacceptable » la conduite des douaniers français. Il a rappelé de récents échanges entre les douanes françaises et les chemins de fer italiens précisant que le local de la gare de Bardonnèche n’était plus accessible car désormais alloué à une organisation humanitaire.