Affaire Skripal : devant l’ONU Moscou nie encore toute implication
Affaire Skripal : devant l’ONU Moscou nie encore toute implication
Le Monde.fr avec AFP
La police britannique a par ailleurs publié un communiqué dans lequel la fille de l’ex agent double s’exprime pour la première fois depuis l’empoisonnement.
Le 8 mars, les équipes scientifiques effectuent des prélèvements sur le banc où ont été retrouvés Sergueï et Youlia Skripal à Salisbury dans le sud de l’Angleterre quatre jours plus tôt. / BEN STANSALL / AFP
Elle va « de mieux en mieux ». Youlia Skripal est sortie de son silence jeudi 5 avril. C’est la première fois que la jeune femme de 33 ans s’exprime depuis son empoisonnement, aux côtés de son père Sergueï, ancien agent double russe, le 4 mars dans le sud de l’Angleterre. « Je me suis réveillée il y a maintenant plus d’une semaine et je suis heureuse de dire que je me sens de mieux en mieux chaque jour », a-t-elle déclaré, citée dans un communiqué de la police britannique.
Peu avant, la télévision publique russe avait diffusé un enregistrement audio présenté comme une conversation téléphonique entre Youlia et sa cousine Viktoria, qui réside en Russie. Dans cet enregistrement dont l’authenticité n’a pas été démontrée, celle qui est présentée comme la fille de l’ex agent affirme qu’elle et son père sont en phase de rétablissement et qu’elle pourra bientôt quitter l’hôpital.
« On accuse sans preuve »
La Russie, accusée par Londres d’être responsable de cet empoisonnement à l’origine de l’une des plus graves crises diplomatiques entre Moscou et les Occidentaux depuis la guerre froide, a de nouveau dénoncé « une campagne ordonnée » contre elle. « On accuse sans preuve », a affirmé l’ambassadeur du Kremlin auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, pour qui « il s’agit de discréditer » son pays.
Au lendemain du refus de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) d’inclure la Russie dans son enquête, le diplomate a exigé des réponses à une série de questions : Où ont été emmenés les Skripal après leur empoisonnement ? Où ont été prélevés les échantillons du produit innervant ? Pourquoi la Russie n’a pas eu droit à un accès consulaire aux victimes ? Comment a-t-on pu trouver un antidote aussi vite ? Que sont devenus les chats des Skripal qui vivaient dans leur maison ?
« Il ne sera pas possible d’ignorer les questions légitimes que nous posons », avait prévenu le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, pour qui la situation autour de l’affaire Skripal « créait une menace pour la paix et la sécurité dans le monde ». « Nous insistons pour que soit menée une enquête substantielle et responsable », a-t-il martelé, assurant que Moscou « accepterait les résultats de n’importe quelle enquête à condition qu’elle soit transparente et que [les Russes puissent] y participer de manière équitable ».
L’ambassadrice britannique à l’ONU Karen Pierce a, de son côté, assuré que son pays avait suivi toutes les procédures légales et internationales dans ce dossier. « Le plus important maintenant est de laisser l’OIAC » tirer les conclusions « en gardant le Conseil de sécurité informé », a-t-elle estimé. Selon des sources diplomatiques, des résultats pourraient être communiqués la semaine prochaine.