Au congrès du PS, Pierre Moscovici entre en campagne pour les élections européennes
Au congrès du PS, Pierre Moscovici entre en campagne pour les élections européennes
Par Astrid de Villaines
Le commissaire européen fait un pas de plus pour être le chef de file des socialistes français. Mais, au sein du parti, beaucoup s’y opposent déjà.
C’était un secret de polichinelle, c’est désormais de plus en plus clair : Pierre Moscovici avance ses pions, de moins en moins discrètement, pour être le prochain chef de file du Parti socialiste (PS) aux prochaines élections européennes, en 2019.
Invité à participer à une « table ronde » sur « la renaissance de la gauche européenne » samedi 7 avril dans l’après-midi aux Docks d’Aubervilliers, lors du 78e congrès du PS, le commissaire européen, chargé des affaires économiques, a fait de son intervention un plaidoyer pour sa candidature.
En préambule, l’ancien ministre de l’économie de François Hollande a désamorcé les critiques fréquentes chez ses camarades socialistes, très opposés à sa candidature. « Ce serait rédhibitoire », a déclaré Marie-Noëlle Lienemann. « On ne peut pas avoir comme tête de liste un représentant de la commission Juncker », abonde Emmanuel Maurel, eurodéputé et candidat de l’aile gauche au congrès du PS, arrivé en troisième position (18,8 % des voix).
« Je suis socialiste et je le suis tous les jours »
« Je connais vos mécontentements et vos frustrations et imaginez-vous que je les partage. Comme membre de la commission, il m’est arrivé de me désolidariser. Je ne partage pas toutes les orientations de la commission européenne », a lancé, depuis la tribune, le commissaire européen, comme pour se dédouaner. Et de prendre ses distances avec Emmanuel Macron : « Je ne crois pas au ‘ni droite ni gauche’, je n’y crois pas à Bruxelles je n’y crois pas à Paris. Ce clivage existe, nous avons besoin d’une sociale démocratie européenne », a-t-il affirmé.
Au long de son discours, applaudi par les militants du PS présents dans la salle, il s’est rangé clairement de leur côté : « Je suis socialiste, ce n’est pas un mot abstrait, je suis socialiste et je le suis tous les jours », a insisté M. Moscovici avant de mettre en avant son bilan à la commission européenne : « Quand je propose la première liste de paradis fiscaux, certes imparfaite, mais la première, quand je suis obligé de combattre les ministres des finances néerlandais et maltais, quand je propose de taxer les géants du net, est-ce que j’agis en conservateur ? Non j’agis en social-démocrate ! », a-t-il poursuivi.
Enfin, l’ancien ministre de l’économie a vivement critiqué ses potentiels adversaires de gauche. « Il y aura une gauche nationaliste et une gauche qui pense que Varoufakis [l’ancien ministre grec de l’économie] vaut mieux que Tsipras [le premier ministre grec] alors que Varoufakis a mené la Grèce dans l’impasse », tance le commissaire européen, en référence à ses potentiels adversaires, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon.
Recherche d’une tête de liste alternative
Sans jamais évoquer officiellement sa candidature, le commissaire européen a tout de même proposé un slogan : « si les socialistes ne sont pas européens au XXIe siècle, ils ne seront pas » et des pistes, comme un futur programme : « revoir le logiciel des politiques économiques, revenir à un monde politique où la réforme sociale est synonyme de progrès et une vraie Europe sociale. »
Pas sûr que cela convienne à ses camarades du PS. « Si c’est pour dire encore une fois on veut de l’Europe sociale, ça ne va pas marcher », expliquait Marie-Noëlle Lienemann, avant cette intervention. Même le sénateur David Assouline, qui a soutenu Olivier Faure au poste de premier secrétaire, le dit clairement : « je ne souhaite pas que Pierre Moscovici soit notre chef de file, il faut du renouveau ! »
Selon plusieurs sources, Olivier Faure cherche une tête de liste alternative à celle de M. Moscovici. Christiane Taubira a été sollicitée, mais elle a décliné, refusant pour le moment « tout mandat électif ». Najat Vallaud-Belkacem est souvent citée, mais cette dernière s’est mise en retrait de la politique. M. Faure assure que la décision sera « collective », mais le casse-tête de la tête de liste pourrait durer encore un peu : il a prévu d’annoncer son choix au mois de septembre.