Universités : inquiétudes sur la tenue des examens
Universités : inquiétudes sur la tenue des examens
Par Laura Hubert
Dématérialisation ou délocalisation des partiels, nouveau calendrier, cours en ligne… les universités étudient différentes pistes, alors que le blocage de plusieurs universités se maintient contre la réforme de la sélection à l’entrée de la licence.
L’université Jean-Jaurès, à Toulouse, le 22 mars 2018. / PASCAL PAVANI / AFP
Jean-Jaurès à Toulouse, Paul-Valéry à Montpellier ou encore le site de Tolbiac à Paris. Avec la poursuite du blocage de plusieurs universités contre la loi Vidal, la question du calendrier universitaire devient de plus en plus sensible dans les établissements où les cours sont à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Comment les examens de fin d’année, qui arrivent dans quelques semaines seulement, vont-ils se dérouler, s’interrogent les étudiants.
« Nos cours et nos examens sont délocalisés dans d’autres facultés, j’ai peur de ne pas pouvoir y aller et d’arriver en retard aux partiels », s’inquiétait Mégane, étudiante en lettres à la fac des Tanneurs de Tours en milieu de semaine alors que son campus était à l’arrêt – le déblocage a été voté vendredi 6 avril.
780 examens organisés en ligne
Le premier ministre, Edouard Philippe, s’est voulu rassurant jeudi en affirmant que les examens dans les universités auraient « évidemment » lieu, malgré les « violences ». Les partiels « ne sont pas menacés », a assuré la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, le même jour, sur France 2. « Il faut que les diplômes gardent leur valeur, a-t-elle également précisé. Donc, si ces étudiants ne vont pas aux examens, ils n’auront pas 10. »
Une manière d’exprimer clairement son refus de se plier au principe voté dans plusieurs assemblées générales d’universités bloquées ces derniers jours : celui du « 10/20 améliorable ». A Montpellier, à Toulouse ou encore à Tolbiac (Paris-I), les étudiants portent cette revendication de donner au minimum la moyenne à tout étudiant à l’issue des examens de ce semestre, et plus si la copie le mérite. Cette exigence est défendue, selon eux, pour ne pas pénaliser les étudiants qui participent aux blocages et à la mobilisation, ainsi que ceux qui n’ont pu assister aux cours durant cette période.
Pas question d’appliquer une telle règle, ont déjà affirmé plusieurs présidents d’universités concernées. A Paul-Valéry (Montpellier), le président Patrick Gilly a annoncé une solution de substitution : il compte dématérialiser les examens, alors que le campus de la route de Mende est toujours à l’arrêt. Environ 780 examens sur 800 seront organisés en ligne.
« Nouveau calendrier »
A Nancy, la présidence de l’université espère que, si la reprise des cours intervient d’ici lundi 9 avril, la session d’examen pourra se tenir normalement. Dans le cas contraire, un décalage du calendrier sera nécessaire. C’est ce qui devrait arriver à Toulouse-Jean-Jaurès : la grande université de sciences humaines et sociales du quartier du Mirail est la plus fortement touchée par la mobilisation étudiante. A l’arrêt total depuis début mars, elle rencontre des blocages et une grève du personnel depuis décembre 2017. Dans une lettre ouverte à l’administrateur provisoire de l’établissement, des enseignants ne voient qu’une seule solution pour qu’une session d’examens soit possible : la mise en place d’un « nouveau calendrier avec réouverture de l’université à partir du 30 avril pour au moins quatre semaines de cours, avec une première session en juin et une seconde en septembre ».
L’administrateur provisoire de l’université a pour sa part demandé aux enseignants de mettre l’ensemble de leurs cours en ligne, sur l’ENT (Environnement numérique de travail), ce qui ne fait pas l’unanimité. « En lettres modernes, nous sommes contre, proteste l’enseignante Céline Vaguer, linguiste grammairienne. Ce serait prouver que les étudiants n’ont pas besoin de notre présence pour étudier, alors qu’on ne peut pas transmettre toutes les connaissances au programme par ordinateur. »