Les images d’une policière à terre, rouée de coups, avaient fait le tour des réseaux sociaux et suscité l’indignation : 14 personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’agression de deux policiers le soir du Nouvel An à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) ont été interpellées mardi 10 avril.

Parmi les 12 hommes et deux femmes interpellés, certains sont soupçonnés d’avoir frappé la gardienne de la paix, d’autres d’avoir filmé la scène ou de ne pas avoir réagi, ont expliqué à l’Agence France-Presse des sources policières. Tous ont été arrêtés tôt mardi matin dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine, les Yvelines, le Val-d’Oise, en Seine-et-Marne et dans l’Eure.

Agés de 16 à 20 ans, ils ont été placés en garde à vue pour violences en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique, non-assistance à personne en danger et enregistrement ou diffusion d’images de violences, a confirmé le parquet de Créteil.

Les perquisitions aux domiciles des suspects ont notamment permis de « retrouver les tenues vestimentaires portées par certains au moment des faits » et une grenade de désencerclement probablement dérobée lors de l’agression, selon une source proche de l’enquête. Parmi les interpellés, certains étaient connus des services de police.

« Tous les auteurs ont été arrêtés », a affirmé mardi le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, sur LCI. Cette vague d’arrestations intervient un peu plus de trois mois après le début de l’enquête, menée par la sûreté départementale du Val-de-Marne.

Trente jours d’ITT

Tout a démarré peu après minuit le 1er janvier, dans le cadre d’une soirée du réveillon non autorisée dans un hangar d’une zone industrielle de la ville qui a dégénéré à Champigny-sur-Marne, en proche banlieue parisienne. Cette nuit-là, un capitaine de police et une gardienne de la paix du commissariat voisin de Chennevières-sur-Marne arrivés en renfort quittent leur véhicule et se retrouvent rapidement au milieu de la foule, qui s’éparpille. Violemment pris à partie par quelques personnes, le duo se retrouve séparé.

Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut voir la policière de 25 ans roulée en boule au sol et frappée au visage, au ventre et aux jambes par plusieurs individus qui l’encerclent. « Ils se sont acharnés sur moi », a raconté dans sa plainte la fonctionnaire. Initialement fixée à sept jours, son interruption totale de travail (ITT) a été réévaluée à trente jours. Non loin de là, le capitaine, âgé de 48 ans, reçoit au même moment un coup de poing au visage qui lui fracture le nez, agression qui n’a pas été filmée et qui lui a valu dix jours d’ITT.

Promesse d’« une réponse forte »

Cette agression, largement médiatisée, avait suscité l’indignation, dont celle du président Emmanuel Macron, qui avait condamné un « lynchage lâche et criminel » et promis que les coupables seraient « retrouvés et punis ».

Elle avait également ravivé le mécontentement des policiers, au moment où le gouvernement s’apprêtait à expérimenter la police de sécurité du quotidien, censée améliorer les rapports entre l’institution et les citoyens. Certains syndicats policiers réclamaient le retour des peines planchers ou la suppression des aménagements de peine pour les personnes coupables d’agression envers les forces de l’ordre. Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a temporisé, promettant « une réponse forte », sans annoncer toutefois de changement législatif.

Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 5 767 policiers ont été blessés en mission en 2016, un chiffre en augmentation, notamment concernant les victimes d’agression par arme.