Toulouse : violentes échauffourées entre policiers et jeunes dans deux quartiers prioritaires
Toulouse : violentes échauffourées entre policiers et jeunes dans deux quartiers prioritaires
Le Monde.fr avec AFP
Des véhicules ont été brûlés tandis que le commissariat de police de Bellefontaine, visité début mars par Gérard Collomb, a été la cible de jets de pierres, selon la police.
Des échauffourées ont opposé une centaine de jeunes aux forces de l’ordre dimanche soir à la Reynerie et à Bellefontaine, des quartiers classés en zone de sécurité prioritaire (ZSP) à Toulouse, a-t-on appris, lundi 16 avril, de source policière. Dix voitures ont été brûlées, ainsi qu’un engin de chantier tandis que le commissariat de police de Bellefontaine, visité début mars par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a été la cible de jets de pierres, a expliqué le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) adjoint, le commissaire Arnaud Bavois.
Ces incidents n’ont « fait aucun blessé » et n’ont donné lieu à « aucune interpellation », a-t-il ajouté. Une enquête en flagrance a été ouverte par le parquet de Toulouse pour violences aggravées avec armes et sur personnes dépositaires de l’autorité publique, dégradations et incitations à l’émeute, selon une source judiciaire.
Des scènes de « grande violence »
Les violences ont essentiellement eu lieu entre 20 heures et 23 h 30, mais le calme n’est revenu qu’après minuit. « Il y avait clairement une volonté de s’en prendre aux forces de l’ordre. Ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas vu ça », a constaté le commissaire Arnaud Bavois, décrivant des scènes de « grande violence » avec des jeunes qui ont mis le feu à des voitures et avec l’idée « de prendre les policiers en guet-apens ». Au total, plus de cent policiers, CRS et gendarmes ont été mobilisés pour ramener le calme. Un hélicoptère de la gendarmerie a également survolé les lieux.
La tension dans le quartier, selon M. Bavois, est montée dans l’après-midi après le contrôle d’une femme voilée refusant de se soumettre aux vérifications de la police. Elle a été interpellée et placée en garde à vue pour rébellion et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, selon une source judiciaire.
Ces violences pourraient également avoir été déclenchées par une rumeur selon laquelle des gardiens de la prison de Seysses, au sud de Toulouse, auraient été à l’origine du décès, samedi, d’un détenu, originaire du quartier, a précisé le DDSP (directeur départemental de la sécurité publique) adjoint. Or, si un homme d’une trentaine d’années est bien mort, samedi, dans cette prison, c’est « à la suite d’un suicide », a souligné le commissaire, précisant qu’il y a eu également « une tentative de suicide » d’un autre détenu, dont le « pronostic vital » est engagé. Lundi en fin d’après-midi, 90 détenus ont refusé d’intégrer leur cellule, selon la direction régionale des services pénitentiaires. Des discussions étaient en cours en début de soirée.
« Sang-froid exemplaire » des forces de l’ordre
Le maire Les Républicains (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a condamné « fermement les violences urbaines » qui « portent d’abord préjudice aux quartiers eux-mêmes » et « sont inacceptables ». « Soutien aux forces de l’ordre, au sang-froid exemplaire face à cette situation et ce déferlement d’agressivité », a-t-il déclaré sur Twitter. Un « dispositif conséquent » a été prévu pour la nuit de lundi à mardi afin d’éviter une nouvelle explosion de violence, a annoncé le commissaire Bavois.
La préfecture a pris des mesures particulières concernant la réglementation en matière de distribution et de transport de carburant. De lundi 15 heures à mercredi 20 heures, « l’achat et la vente au détail, l’enlèvement ou le transport de tout carburant par jerricanes, cubitainers, bidons, flacons ou récipients divers sont interdits dans les points de distribution des communes de Toulouse Métropole, Portet-sur-Garonne, Vieille-Toulouse, Ramonville-Saint-Agne et Labège », selon la préfecture.
La Reynerie et Bellefontaine sont situés dans le quartier du Grand Mirail, qui compte plus de 40 000 habitants. En proie au trafic de drogue et aux règlements de comptes, il a été retenu par le gouvernement pour l’expérimentation de la police de sécurité du quotidien (PSQ), qui mise sur une nouvelle méthode de travail, collective, et de nouveaux outils, pour lutter contre l’insécurité. En visite le 9 mars, M. Collomb avait annoncé trente fonctionnaires de plus pour la PSQ du Mirail.