Vent de fronde chez les Meilleurs Ouvriers de France
Vent de fronde chez les Meilleurs Ouvriers de France
Par Laurence Girard
Les MOF ont manifesté devant l’Assemblée nationale mardi. Ils craignent « un nivellement des épreuves vers le bas » et l’arrivée de financeurs privés.
Les Meilleurs Ouvriers de France (MOF) sont en colère. D’ordinaire habitués à concocter desserts ou plateaux de fromages dans leur atelier, ils ont décidé de descendre dans la rue pour se faire entendre. Ainsi, ils avaient choisi de manifester devant l’Assemblée nationale, mardi 17 avril. A la tête de la fronde, Christian Janier, maître fromager-affineur à Lyon et président de la classe MOF Fromager.
Ce défenseur des fromages artisanaux au lait cru, qui exporte ses sélections jusqu’au Japon, porte le col bleu-blanc-rouge, signe de sa distinction, depuis 2000. En février, à l’occasion du Salon de l’agriculture, il a rajouté du noir. La couleur des nuages qui, selon lui, assombrissent l’avenir d’un concours que beaucoup de pays nous envient et « qui fait rayonner la France à l’étranger ». L’occasion de lancer son mouvement de protestation « 100 MOF en colère ! » avec sa page Facebook.
Les MOF en colère
M. Janier exprime deux craintes. La première, « un nivellement des épreuves vers le bas ». Un comble pour un diplôme qui, depuis 1924, prône l’excellence. Et ce dans de nombreux domaines, car si les MOF de la gastronomie sont les plus médiatisés, la distinction concerne de nombreux secteurs industriels. « Nous avons dû réécrire huit fois les épreuves, explique-t-il. Le comité d’organisation des expositions du travail [COET], l’association qui organise le concours, veut le rendre plus accessible. »
Autre motif d’inquiétude : l’arrivée de financeurs privés. En l’occurrence, la chaîne de distribution allemande Metro. « C’est comme demander à Ikea de sponsoriser le concours du meilleur menuisier de France », s’insurge M. Janier, même s’il se refuse à stigmatiser l’entreprise en tant que tel mais fustige le principe. « On n’a jamais vu un CAP ou un BTS financé par une marque », s’exclame-t-il.
Les MOF en colère ont trouvé une écoute auprès de Richard Ramos. Le député MoDem du Loiret a promis de poser une question au ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, mercredi dans l’Hémicycle. En espérant que l’autorité de tutelle remette de l’ordre dans les cuisines des MOF…