Le Mount Vernon, clin d’oeil à l’histoire franco-américaine
Le Mount Vernon, clin d’oeil à l’histoire franco-américaine
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Donald Trump a choisi Mount Vernon, demeure de George Washington, pour un dîner privé, au premier jour de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis.
Une visite d’Etat à Washington d’un président français peut difficilement faire l’économie d’un hommage à l’Histoire. En 2014, reçu par Barack Obama, François Hollande avait eu les honneurs de Monticello, la demeure de Virginie de l’un des plus francophiles Pères fondateurs américains, Thomas Jefferson, ambassadeur à Paris de 1785 à 1789. Lundi 23 avril, leurs successeurs se recueilleront devant la tombe de George Washington, dans sa plantation de Mount Vernon, au sud de Washington.
Les deux couples présidentiels auront partagé auparavant une visite des lieux suivie d’un dîner intime à l’heure américaine depuis la terrasse de la maison du premier président des États-Unis (1789-1797) qui domine majestueusement un large méandre du Potomac. Un rappel du repas qui les avait rassemblés au sommet de la Tour Eiffel à la veille du 14-Juillet, à l’occasion de l’invitation de Donald Trump pour le centenaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés de la France, en 1917.
Clef historique
La propriété de Mount Vernon où George Washington passa une bonne partie de ses deux mandats (les institutions de la jeune république étant alors installées à Philadelphie) avait reçu en 2007 une autre paire de présidents, George W. Bush et Nicolas Sarkozy. Ils y avaient tenu une réunion de travail.
Les deux hommes s’étaient évidemment attardés devant la pièce la plus évocatrice de la France que recèle la demeure : la clef d’une des principales portes « de la forteresse du despotisme », la Bastille, expédiée par le marquis de Lafayette après le début d’une révolution qu’il considérait comme la continuité de son aventure américaine. Il s’agissait de « l’hommage d’un missionnaire de la liberté à son patriarche », précisait le Français dans sa missive, reçue en août 1790 par le président américain dont il se disait le « fils adoptif ».
Cette clef historique n’est pas la seule à évoquer les liens qui unissent les États-Unis à la France dans la plantation, comme le rappelle Melissa Wood la directrice de communication de l’association des Dames du Mount Vernon qui gère le domaine depuis 1860. Il abrite également des bustes de Jean-Antoine Houdon et des peintures de Claude Lorrain ainsi que des pièces de mobilier et de vaisselle achetées en 1790 à un ambassadeur de France, le marquis Éléonor François Elie du Moustier, rappelé brutalement à Paris après le début de la révolution française.
Le président de la République française aurait pu également profiter de son voyage aux États-Unis pour célébrer le tricentenaire de la fondation de la Nouvelle Orléans par le gouverneur de Louisiane, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, en 1718. L’agenda contraint de la visite d’Etat, mardi, et l’invitation à s’exprimer devant le Congrès, le lendemain, ne l’ont pas permis.