TV – « Le Monde de Dory » : une mémoire de poisson bleu
TV – « Le Monde de Dory » : une mémoire de poisson bleu
Par Mathieu Macheret
Notre choix du soir. Treize ans après, la petite faune aquatique du « Monde de Nemo » fait son retour dans une nouvelle aventure menée tambour battant (sur Canal+ Family à 20 h 50).
LE MONDE DE DORY : Tous les Extrait VF du Film + BÉBÉ DORY ! (Animation - 2016)
Durée : 05:14
Le Monde de Dory se présente comme un dérivé du Monde de Nemo (2003), auquel il reprend son personnage charmant du « chirurgien bleu » à la mémoire de poisson rouge. On retrouve donc Dory en petit alevin à peine sorti du frai, couvée par deux parents qui tentent par tous les moyens d’encadrer ses troubles de mémoire. Mais aucune précaution n’y fait et, un beau jour, le courant marin l’entraîne vers le large, loin des siens. Livrée à elle-même, Dory grandit avec le seul objectif qui tienne dans sa caboche : rejoindre ses parents. Pour cela, elle s’attache à toutes les créatures de passage, pour arriver dans un grand parc aquatique, dont les animaux vont lui prêter main-forte.
On entrevoit immédiatement la perspective potentielle d’un personnage dont la mémoire s’efface instantanément, incapable de rien retenir : celle d’un récit loufoque, où rien ne serait jamais acquis. Malheureusement, Andrew Stanton prend le parti moins risqué d’une veine familialiste, où le délire mnémonique de Dory est contenu par l’obsession du retour au foyer parental. Une fois la chose admise, rien n’empêche de goûter au plaisir du film, car si le génie du studio Pixar s’est temporairement éclipsé, c’est pour mieux laisser place, cette fois, au savoir-faire.
Dédale d’aquariums
Mené tambour battant, Le Monde de Dory doit beaucoup au décor du parc aquatique où se situe le récit, dédale d’aquariums, de bassins, de tuyauterie conçu comme un parcours d’obstacles. De plus, sous la gangue familiale, il n’est pas interdit de considérer l’ensemble comme une variante picaresque du récit d’initiation à la Pixar : si Dory n’a aucune mémoire, elle se découvre une formidable aptitude au présent, en développant sa capacité d’action instantanée, ainsi qu’un goût pour le compagnonnage.
D’ailleurs, l’intérêt du film tient avant tout au bestiaire qu’il met en scène – poulpe, requin-marteau, béluga, baleine, poisson-clown, plongeur huard, coquille Saint-Jacques – à travers une variété de textures numériques et une précision dans le rendu extraordinaire. On ne résiste pas à décerner, parmi eux, une mention spéciale à l’otarie Gerald, trouvaille la plus frappadingue, pourtant trop isolée, d’un film qui manque souvent de fantaisie.
Le Monde de Dory, d’Andrew Stanton et Angus MacLane (EU, 2016, 97 min).