Les loot boxes constituent une forme de jeu d’argent et de hasard, selon la Commission des jeux belge. / Clarisse Charbonnier / Le Monde

Les fabricants de jeux vidéo ne pourront plus proposer de loot boxes (« boîtes à butin ») en Belgique. La Commission des jeux de hasard, a expliqué le ministre de la justice dans un communiqué publié jeudi 25 avril, considère en effet comme illégales les « pochettes-surprises » virtuelles. Ces dernières, parfois gratuites, parfois payantes, renferment des bonus aléatoires qui peuvent dans certains cas permettre d’obtenir un avantage considérable sur son adversaire.

Le débat autour des loot boxes fait rage depuis la sortie en novembre 2017 de Star Wars : Battlefront II. Il fallait en effet soit y jouer plusieurs dizaines d’heures, soit dépenser des centaines de dollars pour pouvoir incarner les personnages les plus puissants comme Dark Vador. Des méthodes qui avaient fortement déplu aux joueurs. En réaction, l’éditeur du jeu, Electronic Arts, avait retiré temporairement les loot boxes de Star Wars : Battlefront II.

Les joueurs « tentés et induits en erreur »

L’Autorité de régulation des jeux en ligne française (Arjel), tout comme ses homologues néerlandaise et belge, ont décidé d’enquêter sur la pratique. Leur objectif était notamment de déterminer si elle s’apparentait à un jeu d’argent ou de hasard, auquel cas des règles spécifiques pourraient s’appliquer – par exemple la protection des mineurs.

La commission des jeux belge a elle étudié quatre jeux : Star Wars : Battlefront II, Overwatch, FIFA 18 et Counter Strike : Global Offensive. Elle en a conclu que les boîtes à butin constituaient des jeux de hasard parce qu’ils remplissaient trois conditions : un « élément de jeu », l’éventualité de profits ou de perte, et la notion de hasard. Peter Naessens, le directeur de la commission, a justifié cette décision :

« Payer des boîtes de butin n’est pas quelque chose d’innocent (…). Les joueurs sont tentés et induits en erreur, et aucune des mesures de protection contre le jeu [de hasard] n’est appliquée. Maintenant qu’il est clair que les enfants et les personnes vulnérables en particulier leur sont exposés sans protection, les fabricants de jeux, mais aussi des parties telles que la FIFA, par exemple, sont appelés à mettre un terme à cette pratique. »

Les éditeurs qui continueront à proposer des loot boxes dans leurs jeux vendus en Belgique seront susceptibles de faire l’objet de poursuites au pénal. Ils risquent jusque cinq ans d’emprisonnement, et une amende pouvant aller jusqu’à 800 000 euros. « Lorsque des mineurs sont impliqués, ces punitions peuvent être doublées », détaille le communiqué.

Des réglementations aux Pays-Bas, en Chine et Australie

Le 19 avril, la Kansspelautoriteit, l’autorité chargée de la régulation des jeux aux Pays-Bas, a expliqué dans un communiqué que certaines boîtes à butin allaient être interdites également dans son pays. Elle a appelé les fournisseurs à se conformer à la loi. Pour cela, ils devront modifier le fonctionnement de leur loot boxes, de sorte à ce qu’elles ne soient plus régies par le hasard, et que les gains qu’elles permettent d’obtenir ne puissent plus être échangés entre les joueurs en dehors du jeu. « Dès le 20 juin, l’autorité prendra des mesures d’exécution contre les fabricants qui ne seront pas en accord avec cette norme », indique le communiqué.

En France, l’enquête, lancée en novembre dernier, n’a pas encore abouti. Ailleurs qu’en Europe, les autorités se sont aussi penchées sur la réglementation des « coffres » dans les jeux vidéo. L’Australie les considère comme une forme de jeu d’argent depuis novembre 2017. La Chine oblige les éditeurs de jeux depuis mai 2017 à détailler le contenu des loot boxes et à renseigner les joueurs sur « la probabilité de tirage de tous les objets virtuels et services ».