En France, l’embellie de l’emploi dans le cinéma et l’audiovisuel pourrait ne pas durer
En France, l’embellie de l’emploi dans le cinéma et l’audiovisuel pourrait ne pas durer
Par Nicole Vulser
Grâce à la réforme du crédit d’impôt cinéma, plusieurs tournages ont été relocalisés dans l’Hexagone. Mais les difficultés financières rencontrées par certaines grosses sociétés de production sont susceptibles d’atténuer cette tendance positive.
Le cinéste français Luc Besson à Hollywood (Los Angeles), lors de la première de son blockbuster « Valérian et la Cité des mille planètes », en juillet 2017. / Neilson Barnard / AFP
L’effet d’aubaine ne durera sans doute qu’un temps, mais il a été bénéfique pour l’emploi dans les métiers du cinéma et de l’audiovisuel. La réforme du crédit d’impôt cinéma, mise en place le 1er janvier 2016, a permis de maintenir un niveau d’activité élevé grâce à la relocalisation dans l’Hexagone de productions à gros budgets (supérieurs à 20 millions d’euros) qui avaient auparavant tendance à être tournées à l’étranger.
Telle est la principale conclusion de l’étude annuelle de l’Observatoire de la production audiovisuelle et cinématographique menée par la Commission du Film d’Ile-de-France et rendue publique mercredi 2 mai. Elle porte sur l’année 2016, au cours de laquelle « la croissance de l’effectif n’a jamais été aussi forte depuis dix ans [+ 6 %] », se félicite Agnès Evren, vice-présidente de la région Ile-de-France, chargée de la culture, du patrimoine et de la création, qui a commandité cette étude.
En 2016, 4 400 emplois nets ont été créés dans ce secteur, qui recense 36 286 équivalents temps plein (dont 31 119 en Ile-de-France). Si l’emploi des CDI s’est renforcé, 40 % des entreprises d’Ile-de-France n’embauchent que des intermittents.
Le nombre d’entreprises de production (cinéma, programmes audiovisuels, films institutionnels, publicité) et de post-production a augmenté de 4 %, pour atteindre 5 388 (dont 1 557 uniquement pour le cinéma) en Ile-de-France. Au-delà d’un nombre très restreint de grosses entreprises, le secteur reste constitué d’une myriade de toutes petites entités.
Les séries télévisées, important levier de croissance
Cette embellie dans l’emploi en 2016 s’explique par l’effet conjugué de la relocalisation des tournages des films français et de la production hors norme du film de Luc Besson Valérian et la Cité des mille planètes. Si elle n’a pas trouvé son public aux Etats-Unis – mettant en péril EuropaCorp, le studio du réalisateur –, cette superproduction a injecté 75 millions d’euros dans la filière cinématographique hexagonale et généré 450 emplois.
A ces facteurs positifs s’ajoute la hausse des dépenses de productions étrangères en France, grâce au relèvement du plafond du crédit d’impôt international. Plusieurs blockbusters ont ainsi été tournés en région parisienne, comme Bekfire, d’Aditya Chopra, Cinquante Nuances plus claires, de James Foley, ou Jackie, de Pablo Larrain. De nombreux studios hollywoodiens sous-traitent des productions dans l’animation, tandis que les séries télévisées représentent désormais un important levier de croissance.
En 2017, la relocalisation de la production française s’est poursuivie avec Dans la brume, de Daniel Roby, Un Peuple et son roi, de Pierre Schoeller, L’Empereur de Paris, de Jean-François Richet, ou Santa & Cie, d’Alain Chabat. Même constat pour les productions internationales attirées par l’Hexagone, qu’il s’agisse de Mission Impossible 6 de Christopher McQuarrie, Le 15h17 pour Paris, de Clint Eastwood, ou des séries américaines Sense8 (Netflix) et Patriot (Amazon Studios). En matière d’emploi, « si l’année 2016 était exceptionnelle, 2017 sera encore meilleure », assure l’Observatoire.
L’étude prévoit « une année de consolidation en 2018 » et annonce quelques bémols dans cette euphorie générale. Les auteurs expliquent que « les difficultés financières rencontrées par certaines grosses sociétés de production et la faible structuration du secteur de la production cinématographique française peuvent freiner la croissance des investissements et le développement de films à gros budgets, à même de doper l’emploi dans le secteur ».