Fret ferroviaire : le gouvernement esquisse son plan de relance
Fret ferroviaire : le gouvernement esquisse son plan de relance
LE MONDE ECONOMIE
L’Etat veut soutenir le transport combiné rail-route et baisser les péages ferroviaires.
Un train de fret ferroviaire passe en gare de Sète (Hérault), le 14 mars. / Alex Baillaud / IP3 PRESS/MAXPPP
Ouvert par le premier ministre, Edouard Philippe, le 16 avril dernier, dans la continuité de sa réforme du train en France, le chantier du redressement du fret ferroviaire a connu un coup d’accélération, jeudi 3 mai. La ministre des transports, Elisabeth Borne, a esquissé, lors d’une réunion avec les acteurs de la filière, les axes du plan de relance de cette activité en difficulté chronique. Un plan qui sera dévoilé à la mi-mai.
Jeudi, seules manquaient à l’appel les organisations syndicales qui boycottent depuis le 19 avril les réunions avec Mme Borne. Le fret, précisément, a été l’un des sujets qui ont déclenché l’ire syndicale. Les représentants des salariés n’ont pas du tout apprécié l’annonce, le 16 avril, d’une transformation de la branche fret de la SNCF, déficitaire et lourdement endettée, en une société filiale.
De fait, le transport ferroviaire de marchandises est en recul par rapport au transport routier depuis des années. Sa part dans l’ensemble du transport de marchandises (9,9 % en 2016) a été divisée par deux par rapport à 1990. Une situation que le ministère des transports explique par « une série de facteurs externes (faible densité industrielle, moindre compétitivité de nos ports, crise économique de 2008), mais aussi par la baisse des coûts du transport routier sur cette période ».
Quelles sont les pistes pour redonner du lustre à « ce levier essentiel d’une mobilité propre », pour reprendre l’expression du ministère, où l’on souligne qu’un seul train de fret représente 50 camions en moins sur les routes. Le gouvernement rappelle d’abord que « l’effort sans précédent d’investissement » dans le réseau ferré – environ 10 millions d’euros par jour – bénéficiera largement au fret, qui souffre de la vétusté du réseau ferré français.
Surtout, le gouvernement met en avant deux axes importants. Il souhaite revoir la hausse de 6,9 % par an des péages ferroviaires prévue dans le contrat de performance 2017-2026 signé lors du quinquennat précédent entre l’Etat et SNCF Réseau, afin de fixer une nouvelle trajectoire « pour la rendre plus soutenable ». Ensuite, Mme Borne a l’intention de renforcer le transport combiné rail-route, en facilitant la réduction des coûts liés au transbordement des marchandises d’un mode à l’autre. « Le principe d’un soutien public au transport combiné sera maintenu », assure le ministère des transports, sans donner davantage de détails.
Si on ajoute à ces éléments un encouragement de l’innovation essentiellement numérique et la lutte contre le dumping social routier menée par le ministère des transports à l’échelon européen, la structure du futur plan fret se dessine à grands traits.
Très touché par les grèves
En attendant ce travail de fond, le gouvernement joue les pompiers pour sauver de la noyade une activité très touchée par les grèves. Selon nos informations, un tiers seulement des trains de marchandises circule en moyenne les jours de grève. La ministre a d’ailleurs souhaité ajouter à l’ordre du jour de la réunion du 3 mai un point sur les mesures d’urgence mises en œuvre par l’Etat. Mot d’ordre : « La relance du fret demain commence par ne pas le fragiliser aujourd’hui. »
Le gouvernement a donc mis sur le qui-vive les préfets, afin de soutenir les secteurs les plus gênés par le mouvement (sidérurgie, agroalimentaire et matériaux). SNCF Réseau est largement sollicité en liaison avec l’Etat : mise en place d’un guichet unique chargé de répondre 24 heures sur 24 aux demandes des industriels et des transporteurs, circuit d’alerte pour repérer les situations d’urgence (une quinzaine de cas précis ont fait l’objet de remontées).
Et cette crise se soldera par davantage de camions sur les routes. Du moins à court terme. Pour limiter l’impact de la grève sur les entreprises, le gouvernement a décidé de lever l’interdiction nationale de circuler pour les poids lourds le mardi 8 mai, ainsi que, localement, le 10 mai, jeudi de l’Ascension. Et, d’une manière générale, les préfets ont reçu pour consigne de « prendre les mesures proportionnées visant à faciliter le trafic de poids lourds ».