Un apprenti cuisinier relaxé, une spécialiste du vitrail en panique, un ex-graffeur repenti ou une SDF belge : ils ont défilé vendredi 4 mai au tribunal correctionnel en « comparution immédiate » pour répondre de violences commises lors de la manifestation du 1er Mai à Paris.

Toute l’après-midi, ils se sont succédé à la barre, les visages défaits après une longue garde à vue, souvent au bord des larmes. La plupart obtiennent un report de l’audience, pour mieux se préparer. Bilan de la journée : une condamnation à 1 000 euros d’amende pour un fumigène dans la poche et deux relaxes.

Deux jeunes femmes, une Suisse et une sans-domicile-fixe belge, qui ont refusé de se soumettre à des relevés d’empreinte et d’ADN sont écrouées dans l’attente de leur procès, dans trois semaines. Les autres sont laissés libres, parfois avec une obligation de pointer au commissariat.

« Mais où sont les black blocs ? », raille un avocat, en référence aux militants d’ultragauche accusés d’être à l’origine de violences contre les forces de l’ordre et de nombreuses dégradations, allant de vitrines brisées à des incendies, en marge du défilé du 1er Mai.

Le premier jugé pour ces violences, un cadreur, ex-graffeur et photographe à ses heures, est relaxé des faits de « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations ».

Mais il est condamné à une amende pour avoir été en possession d’un fumigène, rapporté, dit-il, d’un tournage en Espagne et qu’il assure avoir songé à allumer pour « faire de chouettes photos » dans la manifestation.

« Aucun black bloc » mais une « foule de badauds »

La procureure avait réclamé quatre mois ferme contre lui et un mandat de dépôt à l’audience, « au vu de ce qui se prépare » : allusion sans doute aux futures manifestations contre la politique gouvernementale, dont le rassemblement prévu samedi à Paris pour faire « la fête à Macron ».

L’avocat du jeune homme a dénoncé le « traitement exceptionnel » réservé aux manifestants interpellés, parmi lesquels on ne trouve « aucun black bloc » mais une « foule de badauds », moins entraînés à échapper à la police.

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi ils ont été arrêtés, parfois loin du cortège, et encore moins pourquoi ils doivent « se justifier » d’avoir participé à une manifestation.

« Il avait l’attirail du parfait manifestant », a plusieurs fois attaqué la procureure, insistant sur la « tenue sombre », le « masque chirurgical » ou « l’écharpe » de certains prévenus lors de leur interpellation.

Un apprenti cuisinier, 20 ans, et sa petite amie étudiante, 19 ans, ont expliqué avoir voulu se protéger des gaz lacrymogènes lancés par la police alors qu’ils étaient dans le cortège, avec la CGT. Les deux jeunes gens seront relaxés.

Deux cent quatre-vingt-trois personnes avaient été arrêtées à l’issue de la manifestation du 1er Mai, dont 102 placées en garde à vue. Mercredi, une cinquantaine avaient été relâchées et mises hors de cause. Sept suspects devaient être présentés à un juge vendredi.