Une femme crie sa colère et sa tristesse pendant le passage du corps d’Adil Ahmad, l’un des civils tués par la police samedi 5 mai 2018. / Saqib Majeed / Saqib Majeed/ZUMA Wire/dpa

Cinq insurgés supposés ont été abattus dimanche 6 mai par l’armée indienne au Cachemire, et cinq civils ont trouvé la mort lors de manifestations qui ont suivi, a annoncé la police locale.

Alertées par une dénonciation de rebelles supposés retranchés dans une maison, les forces armées indiennes sont intervenues dans le village de Badigam, dans le district de Shopian, au sud de Srinagar, la capitale de la région, a expliqué le directeur général de la police, Shesh Paul Vaid.

Les insurgés ont refusé de se rendre, entraînant de violents échanges de coups de feu. Cinq d’entre eux ont été tués, a dit à l’AFP le responsable policier.

Des milliers de personnes dans la rue

Un appel à se rendre avait été lancé en particulier à un sociologue universitaire, Mohammad Rafi Bhat, qui avait rejoint vendredi les rangs des rebelles. « Nous avons fait venir son père pour le persuader de se rendre, mais comme les autres, il a refusé », selon Shesh Paul Vaid.

L’université du Cachemire, où il enseignait, a fermé pour deux jours, selon un communiqué de l’établissement.

Parmi les cinq insurgés tués figurait également un commandant du Hizbul Mujahideen, un groupe important de rebelles, toujours selon Shesh Paul Vaid.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues dans le sud du Cachemire à la suite de cet incident pour manifester leur soutien aux insurgés tués et dénoncer le contrôle de l’Inde sur la région, les forces gouvernementales ouvrant alors le feu pour disperser la foule, ont rapporté des témoins et un représentant de la police.

Un médecin de l’hôpital de Shopian a fait état de centaines de personnes nécessitant des soins. « Nos capacités sont au maximum. Nous ne disposons plus de médicaments de première nécessité. Il n’y a plus d’ambulances », a-t-il dit à l’AFP.

Un autre porte-parole de la police, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a évoqué quant à lui une trentaine de personnes blessées au moins.

Le couvre-feu a été instauré dimanche 6 mai à Srinagar, la capitale du Cachemire indien, et les liaisons par Internet fermées dans la majeure partie de la région.

Protestation contre le contrôle de l’Inde sur la région

Le plateau himalayen du Cachemire est de facto divisé entre l’Inde et le Pakistan. Depuis la partition de 1947, New Delhi et Islamabad s’affrontent pour son contrôle, un conflit dont découle une insurrection séparatiste dans la partie indienne.

Trois insurgés supposés et un civil avaient été tués samedi 5 mai lors d’une fusillade à Srinagar.