Paul, 24 ans, étudiant en master de droit entre Paris et Montréal (Canada). / La ZEP

Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Paul, 24 ans, étudiant en master de droit entre Paris et Montréal (Canada).

« Il y a encore quelques années, personne n’aurait pu prédire, moi le premier, le quart du parcours scolaire qui a été le mien. Il fut en effet plutôt chaotique au début : après être passé par quatre collèges différents et un redoublement, j’ai vite pensé que les études n’étaient pas faites pour moi. Fainéant et un tantinet perturbateur, j’ai quitté l’école une fois mon brevet en poche.

Enfin, pas totalement : l’année qui a suivi, j’ai intégré la Mission de lutte contre le décrochage scolaire du lycée Jolimont à Toulouse. Nous étions une dizaine dans ce programme. Le but était de faire le plus de stages possibles pour trouver un emploi au plus vite. C’était ce que je voulais, travailler, ne plus voir une salle de classe. Mais même cette structure ne m’a pas vraiment aidé. J’ai donc continué seul, et enchaîné les petits boulots : caissier, restauration rapide, vendeur de vêtements… J’ai suivi des formations via la mission locale de Toulouse ou via Pôle emploi. Cependant, je me suis vite rendu compte que je voulais plus : je commençais à regretter un peu d’avoir quitté le système scolaire.

En parallèle, j’ai développé un certain intérêt pour le droit, en suivant une formation sur la création d’entreprise. Je venais d’atteindre la majorité quand j’ai décidé que le moment était venu de me motiver et de reprendre des études : je voulais entrer en fac de droit. Au début, j’avais pour objectif de passer le bac en candidat libre, mais un ami m’avait parlé d’un diplôme qui permettait de rejoindre directement la licence en droit : la capacité. Mes parents n’y croyaient pas au début, je n’avais que le brevet des collèges, et on m’avait dit qu’il y avait environ 10 % de réussite en capacité en droit, mais j’étais sûr de moi et en plus, le droit me plaisait vraiment.

Nous étions 146 inscrits dans cette formation à l’université de Toulouse-I Capitole, et seulement 8 à rejoindre la licence (spoil : j’en faisais partie). Là encore, j’ai eu des doutes sur ma capacité à continuer, me fixant pour seul but de finir ma licence et d’essayer de trouver du travail après. Les semestres passaient, je m’en sortais correctement, je ne faisais pas partie des meilleurs, mais je me défendais plutôt pas mal par rapport à d’autres bacheliers. Et j’ai finalement décroché ma licence sans trop de difficultés. A la surprise générale, je n’avais aucune envie de quitter l’université. Mais j’avais tout de même envie de partir de Toulouse.

« L’école du barreau de Montréal a accepté mon dossier pour l’année prochaine, je trouve ça incroyable »

Encore aujourd’hui, je me demande comment cela a pu arriver, mais ma demande pour partir une année en échange universitaire a été acceptée. Après avoir passé mon été à Londres pour améliorer mon anglais, je me suis retrouvé à l’Université du Québec à Montréal (l’UQAM). J’ai sans doute passé là-bas ma meilleure année d’études, à tel point que j’ai voulu rester au Canada. Là encore, j’ai eu quelques doutes. Mon dossier était correct mais pas excellent, et je n’étais pas le seul étranger à postuler. Mais qui ne tente rien n’a rien : j’ai multiplié les demandes de maîtrises dans les universités canadiennes, en espérant être retenu dans au moins une.

Résultat des courses, aucun refus, sept acceptations, j’avais l’embarras du choix. J’ai donc choisi d’intégrer un double diplôme de l’université de Laval et de l’université Paris-sud, dans le domaine qui m’intéressait le plus et qui me permettait aussi d’obtenir un master en France. Je dois rendre un mémoire en août. Ensuite, je pense rester au Canada. L’école du barreau de Montréal a accepté mon dossier pour l’année prochaine, je trouve ça incroyable.

Je témoigne de mon histoire aujourd’hui parce que je sais que je ne suis pas un cas unique, et si ces lignes peuvent aider quelqu’un à trouver sa voie, j’en serais ravi. Je ne pense pas avoir eu de chance, je n’aimais pas l’école car je trouvais ça ennuyeux, et j’avais l’impression de devoir travailler plus pour mes parents et pour mes professeurs que pour moi-même. Le parcours que j’ai eu ensuite, je l’ai fait pour moi, personne ne m’a forcé, j’aime ce que je fais et je pense que c’est la plus grande motivation que l’on puisse avoir. »

Logo ZEP / La ZEP / Le Monde

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur la-zep.fr, et, pour la plupart, ci-dessous :

« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures

Alors que les lycéens vont commencer, le 22 mai, à recevoir des réponses concernant leurs vœux d’orientation formulés de janvier à mars sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup 2018, Le Monde Campus propose reportages, décryptages, tchats, à retrouver dans ses sous-rubriques Parcoursup APB et Etudes supérieures.

Retrouvez également des vidéos, témoignages et enquêtes réalisés dans le cadre de nos conférences « O21/S’orienter au 21e siècle », qui se sont tenues entre novembre et mars à Nancy, Lille, Nantes, Bordeaux et Paris, dans notre rubrique O21.