Vincent Lacoste, à Paris, le 27 avril 2018. / ALEXANDRE GUIRKINGER POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »

Vincent Lacoste, 24 ans, plus de 25 films tournés. Et déjà une histoire d’affinités électives : deux avec Riad Sattouf, idem avec Julie Delpy et Thomas Lilti. Les mêmes noms parsèment également en sous-main son parcours : l’actrice et réalisatrice Noémie Lvovsky, les jeunes comédiens Félix Moati, Antoine de Bary et William Lebghil… « On se marre bien, tous ensemble », dit Lacoste, à l’affiche de Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré, en salle le 10 mai.

L’histoire a commencé en 2008, avec l’auteur de bande dessinée Riad Sattouf, qui a fait de l’adolescent du collège Mallarmé, dans le 17e arrondissement parisien, le héros des Beaux Gosses, leur premier film à tous les deux. Il y était Hervé, inoubliable loser dégingandé, obsédé par le sexe. Naissait un acteur, une présence particulière, faite d’un malaise joyeux et d’une assurance innée face à la caméra. Pas de cours de comédie, ni d’épiphanie lors de la pièce de fin d’année au collège. Son métier, Vincent Lacoste l’a compris sur les plateaux, au contact de ces réalisateurs qui lui ont « tout appris ». « Ce sont tous mes profs. » Ainsi qualifie-t-il cette smala qui gravite autour de lui. Justine Triet, avec qui il a connu le succès (critique et public) pour Victoria. Julie Delpy, qui l’a invité dans la folie du Skylab alors qu’il débutait encore puis dans Lolo. Thomas Lilti, qui lui a offert son premier rôle « dramatique » dans Hippocrate, en attendant Première année en septembre prochain. D’eux, il dit : « J’aimerais faire tous leurs films. »

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE de Christophe Honoré - Bande annonce
Durée : 01:28

Le maître à penser Riad Sattouf

Riad Sattouf, pygmalion, meilleur ami, maître à penser, alter ego, est le patriarche dans cette famille réinventée. Cette rencontre a changé sa vie, et Lacoste lui voue une fidélité de cœur et de travail à la vie à la mort. Sattouf, c’est un premier film, une révélation, une première virée cannoise (à la Quinzaine des réalisateurs en 2009), une porte entrouverte pour un ado qui ne pensait même pas qu’acteur puisse être un métier. Vincent Lacoste ne quittera plus la Croisette. Hippocrate, de Thomas Lilti à la Semaine de la critique en 2014, Victoria, de Justine Triet deux ans plus tard…

Dans quelques jours, il sera pour la première fois en Sélection officielle, avec Christophe Honoré. Nouvel arrivant dans l’univers Lacoste, le romancier-cinéaste-metteur en scène a lui aussi vu en l’acteur une image fantasmée de sa jeunesse. Dans Plaire, aimer et courir vite, Vincent est Arthur, un jeune Rennais des années 1990, passionné de littérature, qui entrevoit son avenir artistique et sentimental dans la figure d’un aîné parisien, écrivain désabusé, père homosexuel et malade du sida (émouvant Pierre Deladonchamps).

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Ces douze derniers mois, Vincent Lacoste a tourné dans quatre autres films, dont deux premiers longs avec des amis proches. Félix Moati et Antoine de Bary, primo-cinéastes, avaient déjà filmé leur « pote » dans leurs courts-métrages. A leur manière, tous ensemble, ils reconstituent une formule un peu Nouvelle Vague, un peu Nouvel Hollywood, où règnent l’esprit de bande et la complicité productive. Le rêve de Vincent Lacoste ? Tourner avec Aki Kaurismäki. Parce que sa vision est « géniale » et parce qu’« il a l’air austère, mais d’une manière hilarante », glisse-t-il. Faire du plaisir un absolu, voire le mètre étalon de la réussite ? Vincent Lacoste fait mentir les adages doloristes qui disent s’épanouir dans l’adversité. A travers sa famille d’élection, il dessine son autoportrait en jeune artiste qui prend la joie très au sérieux.

Une photo de Vincent Lacoste enfant. / ALEXANDRE GUIRKINGER POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »

« Plaire, aimer et courir vite », de Christophe Honoré, avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps et Denis Podalydès (2 h 12), en salle le 10 mai.