Après un attentat, quelque 200 000 habitants de Tumaco, une municipalité pauvre de Colombie comptant la plus grande superficie de plantations illicites, sont privés d’électricité jeudi 10 mai. Cette attaque, contre deux transformateurs électriques, a eu lieu mercredi soir sur la route entre les villes de Pasto et de Tumaco, frontalières de l’Equateur sur la côte Pacifique, a précisé le gouvernement du département du Nariño, Camilo Romero, à W Radio jeudi.

Les forces armées ont attribué cet attentat à des dissidents des FARC, commandés par Walter Artízala, alias « Guacho », le chef du Front Oliver Sinisterra, qui a revendiqué l’enlèvement et l’assassinat en avril de deux journalistes et d’un chauffeur du quotidien équatorien El Comercio.

« C’est le quatrième attentat en moins de deux mois, ce qui montre que la situation est de plus en plus difficile », a dénoncé le gouverneur sur Twitter.

Une paix de surface

M. Romero a ajouté qu’en raison de mauvaises conditions climatiques, les forces de l’ordre n’avaient jeudi matin pas encore pu rejoindre le lieu de l’attentat, épicentre d’actions militaires contre les dissidents de l’ex-guérilla, aujourd’hui désarmée.

Le Front Oliver Sinisterra, qui n’a pas adhéré à l’accord de paix signé fin 2016, est dans la ligne de mire des autorités, en particulier depuis l’assassinat de l’équipe d’El Comercio. Ce groupe dissident est accusé d’être à l’origine d’une vague de violences inédite du côté équatorien, qui a causé la mort de quatre militaires, outre l’enlèvement d’un couple toujours séquestré.

Dans le Nariño opèrent aussi des trafiquants de drogue, ainsi que l’Armée de libération nationale (ELN), la dernière guérilla de Colombie. Le gouvernement colombien et l’ELN ont repris jeudi leurs négociations de paix à La Havane, en quête d’un nouveau cessez-le-feu bilatéral. Entamées en février 2017 à Quito, la capitale équatorienne, les discussions ont changé de pays d’accueil après la décision de l’Equateur de se mettre en retrait, en raison d’un regain des violences à sa frontière avec la Colombie.

« Pourvu que nous puissions négocier un cessez-le-feu, pourvu que nous puissions négocier un accord-cadre que nous puissions laisser au prochain gouvernement », a déclaré le président colombien Juan Manuel Santos, qui quittera le pouvoir en août.