Sélection albums : Franz Liszt, Samarabalouf, Dobet Gnahoré…
Sélection albums : Franz Liszt, Samarabalouf, Dobet Gnahoré…
A écouter cette semaine : la pianiste suisse Beatrice Berrut en forme olympique, du swing manouche éclectique, une voix ivoirienne aux vibrations positives…
- Franz Liszt
Athanor : Totentanz – Piano Concertos
Beatrice Berrut (piano), Czech National Symphony Orchestra, Julien Masmondet (direction).
Pochette de l’album « Athanor - Totentanz. Piano Concertos », consacré à Franz Liszt par Beatrice Berrut. / APARTÉ
Aux yeux de Franz Liszt, le piano était tout à la fois « microcosme et microthée, petit monde et petit dieu ». On ne saurait trouver plus belle illustration de ce credo que le disque enregistré par Beatrice Berrut. Le programme est un condensé de la galaxie lisztienne et la pianiste une incarnation des principales figures de l’Olympe. De la Diane chasseresse qui ne rate aucune cible expressive avec son arc Bösendorfer au Mercure insaisissable qui s’élève de doigts virtuoses. La spectaculaire Totentanz, avec des cadences prismatiques, puis les deux concertos (le 1er, radieux et virevoltant, le 2nd, orageux et conquérant) nous parviennent avec une exceptionnelle plénitude. Aussi nuancé que la soliste suisse, l’orchestre tchèque alterne grâce apollinienne et sensualité bachique sous la direction complice de Julien Masmondet. Pierre Gervasoni
1 CD Aparté.
- Gérard Caussé
Viola Legend – The Erato Years
Avec Pierre Amoyal, Armin Jordan, Michel Plasson, Michel Portal, Nathalie Stutzmann, François-René Duchâble, Paul Meyer, Kent Nagano, Jean-Philippe Collard, Augustin Dumay, Orchestre de chambre de Lausanne, Orchestre du Capitole de Toulouse, Orchestre de l’Opéra de Lyon, Les Solistes Montpellier-Moscou.
Pochette du coffret « Viola Legend – The Erato Years », consacré à l’altiste Gérard Caussé. / ERATO/WARNER CLASSICS
C’est un trésor national vivant : né il y a bientôt soixante-dix ans à Toulouse (le 26 juin), l’altiste Gérard Caussé est un symbole et un exemple. La sonorité claire et voluptueuse de son Gasparo da Salo de 1560 est reconnaissable entre toutes. Tout comme le lyrisme sensuel, généreux et raffiné avec lequel ce musicien engagé s’offre à toutes les musiques du répertoire. Qu’il soit baroque ou contemporain (il a été soliste de l’Ensemble intercontemporain et a suscité nombre de créations – Grisey, Nunes, Lenot, Jarrell, Hersant, Levinas, Dusapin, Dufourt, Jolas). Ou embrasse l’éventail du romantisme et du XXe siècle : de Berlioz à Martinu, Bruch, Bartok, Stravinsky, Britten, Walton, sans oublier Mozart, le premier à avoir donné un chef-d’œuvre à l’instrument avec la fameuse Symphonie concertante, où l’alto joue partie égale avec le violon. Pur produit de l’école de cordes françaises issue du Conservatoire de Paris, un temps quartettiste au sein des Via Nova puis du Quatuor Parrenin, Gérard Caussé est aussi un chambriste tout aussi recherché (Brigitte Engerer, Augustin Dumay, Michel Portal, Paul Meyer), un excellent camarade de jeu doublé d’un artiste exigeant. Il était évident qu’Erato lui consacre cette excellente rétrospective discographique, fût-ce la première de son histoire consacrée à un altiste. Marie-Aude Roux
1 coffret de 13 CD Erato/Warner Classics.
- Samarabalouf
Up
Pochette de l’album « Up » de Samarabalouf. / ATHOS PRODUCTIONS/L’AUTRE DISTRIBUTION
Guitariste « autodidacte » et entré en musique adolescent, à l’écoute de Harvest de Neil Young, comme le précise sa biographie sur son site Internet, Samarabalouf.fr, François Petit a fondé en 2000 le groupe Samarabalouf, plutôt versé dans le swing manouche. Si l’on en retrouve des éléments dans ce nouvel album, Up, Petit et ses camarades explorent de nombreux univers, que cela soit la country (Octopus Baby, Up) ou le folk, les musiques latines (El paso del diablo), celtiques (L’Irlandais), celles des pays de l’Est (Léooooo) et de l’Orient. Sans donner l’impression d’une inspiration de surface, mais bien en connaissance des codes et vocabulaires. L’instrumentation est aussi pour beaucoup dans la réussite de cet album, avec, outre François Petit, Hélène Piris au violoncelle, Léo Mathieu au violon et Michel Sanlaville à la contrebasse. Une alliance des cordes frottées et pincées qui se révèle souvent inventive. Et de toute tendresse sur la belle mélodie La Larme. Sylvain Siclier
1 CD Athos Productions/L’Autre Distribution.
- Dobet Gnahoré
Miziki
Pochette de l’album «Miziki » de Dobet Gnahoré. / LA CAFÉ/WAGRAM MUSIC
Le voici enfin l’album lumineux que l’on espérait pour Dobet Gnahoré. Celui qui révélerait toutes les nuances de son empreinte vocale, la ferait apprécier autrement que comme une chanteuse charismatique faite pour la scène (souplesse, puissance et regard de braise). Coproduit par le Café de la Danse (salle de concerts parisienne), ce cinquième album est quasiment tout écrit et composé par la chanteuse ivoirienne, qui a fait ses classes auprès de son père percussionniste, Boni Gnahoré, au village d’artistes Ki Yi M’Bock, créé à Abidjan en 1985 par l’écrivaine camerounaise Werewere Liking. Entourée de ses musiciens (dont le toujours fin guitariste Colin Laroche, de Féline), elle a trouvé en Nicolas Repac le réalisateur idoine pour la coacher et draper d’arrangements subtils ses mondes intérieurs mis en chansons, dans lesquelles court un esprit vaillamment positif. Patrick Labesse
1 CD Le Café/Wagram Music.