La McLaren-Renault de Fernando Alonso lors des essais libres du 11 mai à Montmelo (Catalogne). / MANU FERNANDEZ / AP

Les fans n’ont jamais baissé les bras, toujours présents au bord des circuits pour soutenir leur idole, le pilote de Formule 1 Fernando Alonso, même pendant les pires années de sa carrière, les trois dernières passées chez McLaren-Honda : 17e au classement général en 2015, 10e en 2016, 15e en 2017. Mais cette année, le « taureau des Asturies » (Fernando Alonso est né à Oviedo, près de la côte nord atlantique) est attendu avec encore plus d’enthousiasme chez lui, pour le Grand Prix de Barcelone qui se court le 13 mai. Trois fois plus exactement, comme les trois événements qui ont marqué le début de saison du double champion du monde espagnol – en 2005 et 2006 avec Renault.

Dernier en date et certainement le plus important, Fernando Alonso a enfin retrouvé le goût de la victoire, le 6 mai, ce qui ne lui était pas arrivé depuis… 2013. Et qu’importe que ce soit en championnat du monde d’endurance (WEC) et non en F1, au volant de la Toyota #8 et non d’une McLaren-Renault. En remportant les 6 Heures de Spa-Francorchamps, en Belgique, avec ses coéquipiers le Japonais Kazuki Nakajima et le Suisse Sébastien Buemi, Fernando Alonso met fin à cinq années de disette.

26 courses en 36 semaines

A l’origine de cette réussite, sa décision début 2017 de conquérir la triple couronne, synonyme de trois victoires : au Grand Prix de Monaco (déjà acquise, en 2006 et 2007), aux 24 Heures du Mans et aux 500 miles d’Indianapolis. La saison dernière, ses espoirs se sont envolés sur le mythique ovale américain à 21 tours de la fin, Fernando Alonso devant abandonner sur casse de son moteur Honda, après avoir mené une partie de l’épreuve.

Cette année, il s’est inscrit sur la totalité du WE, ce qui implique qu’il s’aligne sur 26 courses en 36 semaines. Il a par ailleurs effectué ses débuts sur une course de 24 Heures à Daytona, le 18 janvier, où il a fini 38e au général, avec ses coéquipiers les Britanniques Phil Hanson et Lando Norris – leur Ligier JS P217 a connu plusieurs ennuis mécaniques dont une panne des freins. « Cela fait un petit peu peur, on est à 300-310 km/h et lorsque l’on freine à l’entrée du virage, il ne se passe strictement rien. » Malgré tout, « cela reste une expérience positive », a-t-il commenté.

Lors de sa première tentative à Indianapolis, le 28 mai 2017, Fernando Alonso abandonne à 21 tours de la fin sur casse moteur (Honda). / CHRIS GRAYTHEN / AFP

A ce moment, l’Espagnol ne savait pas s’il serait sur la grille de départ du Mans en juin 2018 ou en juin 2019, puisque cette « super-saison » 2018-2019 d’un WEC en pleine restructuration, comprend exceptionnellement deux fois l’épreuve sarthoise. Elle offre en outre une fenêtre de tir unique pour le constructeur Toyota puisqu’il se retrouve seul en lice dans la catégorie reine des LMP1, alors qu’il court depuis dix-neuf ans après une première victoire au Mans. Un contexte qui pousse le pilote de 36 ans à l’optimisme.

6e au classement des pilotes

Retour à la F1 donc ce week-end, où Fernando Alonso aborde Barcelone dans des conditions jamais réunies depuis quatre saisons. Actuellement 6e au classement des pilotes, c’est ici qu’il remportait son dernier Grand Prix, avec Ferrari il y a cinq ans. « J’ai fait de meilleures courses [depuis] », a-t-il estimé après la première séance d’essais, vendredi 11 mai, citant en particulier le Grand Prix à Bakou du 29 avril, au cours duquel, parti 13e puis accroché, il est remonté jusqu’à la 7eplace.

« Nous [McLaren] sommes la seule équipe à avoir terminé les quatre courses avec les deux voitures, nous avons marqué des points dans chaque course et nous sommes 4e du championnat des constructeurs », a synthétisé Fernando Alonso le 11 mai. Lui-même a marqué des points lors de chaque Grand Prix cette saison.

Le champion espagnol bénéficie de plus d’une meilleure McLaren-Honda, celle qu’il aurait dû avoir en mars mais qui n’était pas prête, la version B de sa MCL33. « Il y a une nouvelle direction, une nouvelle philosophie pour Barcelone, a confirmé Eric Boullier, directeur de la compétition de l’écurie au journal espagnol El Confidencial, mais ne vous attendez pas à ce que nous soyons devant tout le monde. »

Cicuit de Catalogne, Montmelo, le 9 mai 2015, veille du Grand Prix de Barcelone. Les fans de Fernando Alonso attendent leur champion. / CAP

« Ni usé ni rassasié »

Il y a un avant et un après Barcelone, dit-on. Traditionnellement, cette étape inaugurale du circuit européen est en effet aussi la première qui permet aux monoplaces de montrer ce dont elles sont technologiquement capables, après les tracés urbains (Bakou, Shanghaï) ou les conditions climatiques difficiles qui ne permettent pas de pousser les machines. Une théorie accentuée cette année par le nouveau revêtement du circuit Catalunya, qui n’a pu que partiellement être testé lors des essais hivernaux à cause… du froid et de la neige. Il doit permettre des vitesses plus élevées grâce à un « grip » plus accrocheur, particulièrement avec les derniers pneus super tendres de Pirelli.

Vendredi, le vent a envoyé la RedBull de Daniel Ricciardo et la Williams de Lance Stroll dans les barrières, alors que plusieurs pilotes – Hartley, Ericsson, Vettel, Bottas, Grosjean, Kubica – se sont fait des frayeurs. Fernando Alonso, 5e puis 12e est apparu physiquement et mentalement prêt. « A 36 ans, Fernando Alonso figure parmi les rares champions à être ni usé, ni blasé ni rassasié », résumait un membre de son fan-club.