La police judiciaire sur les lieux de l’attentat au couteau, samedi 12 mai, dans le 2e arrondissement de Paris. / Olivier Corsan / Olivier Corsan/Zuma Press/dpa

L’auteur de l’attaque au couteau revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI), qui a tué un passant samedi 12 mai à Paris, est un Français de 20 ans, qui était fiché « S ». Comme il est habituel dans les affaires de terrorisme, les parents du suspect ont été placés en garde à vue dimanche. Le domicile familial, rue Pajol dans le 18e arrondissement, a été perquisitionné, selon une source proche du dossier.

Le jeune homme, Khamzat Azimov, abattu par les policiers juste après l’attaque, est un Français né en novembre 1997 en Tchétchénie, une république musulmane russe du Caucase, théâtre de deux guerres dans les années 1990 et 2000.

Khamzat Azimov est arrivé en France avec ses parents au début des années 2000, période à laquelle cette république musulmane russe du Caucase traversait une deuxième guerre, après celle des années 1990. Il grandit à Nice, puis à Strasbourg, dans le quartier populaire d’Elsau, où vit une importante communauté tchétchène, selon une source proche du dossier. En 2004, la famille bénéficie du statut de réfugiés, avant que la mère n’obtienne la nationalité française six ans plus tard, permettant ainsi la naturalisation de son fils, alors âgé de 13 ans. La demande de naturalisation du père, séparé de sa femme, est, elle, refusée.

Selon les informations du Monde, cette famille n’a pas été protégée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui a rejeté sa demande. Elle a obtenu son statut de réfugié dans un second temps en faisant appel de cette décision devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).

Suivi « léger »

En 2016, alors qu’il est âgé de 19 ans, il apparaît dans les radars des services antiterroristes en raison de ses liens avec un groupe de jeunes souhaitant gagner la Syrie, dans lequel figure un autre Tchétchène. Durant l’été, il est fiché « S » (pour « sûreté de l’Etat ») et inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste. Dans le groupe qu’il fréquente, parmi lesquels se trouvent deux Tchétchènes suivis par la DGSI, Khamzat Azimov apparaissait comme un « suiveur », un personnage secondaire, selon une source proche des services de renseignement.

Pour autant, il fait l’objet, lui aussi, d’un suivi de la DGSI. Son cas est régulièrement évoqué dans les groupes d’évaluation départementaux (GED), chargés d’estimer le degré de radicalisation des personnes inscrites au FSPRT. Il s’agit toutefois d’un suivi « léger », car rien dans son comportement où ses activités sur les réseaux sociaux ne permet d’en faire un « objectif prioritaire ».

« Il n’avait pas d’antécédent judiciaire », a déclaré à l’Agence France-Presse une source judiciaire. Le jeune homme avait été « entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle, car il connaissait un homme lui-même en lien avec quelqu’un parti en Syrie », a rapporté une source proche de l’enquête. Peu avant son passage à l’acte, le jeune homme avait rejoint le domicile parental, à Paris, où ses parents s’étaient, semble-t-il, réinstallés ensemble.