Malgré le bain de sang, Washington soutient Israël sans réserve
Malgré le bain de sang, Washington soutient Israël sans réserve
Lundi, le porte-parole adjoint de la Maison Blanche a défendu sans la moindre réserve « le droit d’Israël à se protéger » alors que des dizaines de Palestiniens ont été tués lors de manifestations contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem.
A droite, les manifestations de Palestiniens à la frontière avec Israël ; à gauche, la cérémonie d’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. / AP
Donald Trump n’a pas fait le déplacement à Jérusalem pour l’inauguration de l’ambassade des États-Unis, auparavant installée à Tel Aviv, mais il a mis en alerte ses sympathisants sur son compte Twitter, dès les premières heures du lundi 14 mai, en annonçant que l’événement serait diffusé en direct à la fois sur Fox News et Fox Business, ses chaînes de prédilection. Il a célébré très vite « un grand jour pour Israël » alors que l’armée israélienne répondait à balles réelles aux manifestants palestiniens qui se massaient le long de la clôture qui enserre l’étroite bande de terre.
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Dans une brève intervention préenregistrée à la Maison Blanche, le président des États-Unis a insisté sur le fait que la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États-Unis, sans la moindre définition géographique, n’était que le reflet d’une réalité sur le terrain. Comme lors de l’annonce de sa décision, le 6 décembre, il n’a pas évoqué une seule fois les liens historiques des Palestiniens avec la partie orientale de Jérusalem conquise militairement en 1967 et annexée unilatéralement par Israël. C’est dans cette partie de la ville que l’Autorité palestinienne souhaite établir la capitale d’un éventuel Etat.
Donald Trump a assuré que « les États-Unis restent pleinement engagés à faciliter un accord de paix durable », estimant que sa décision, qui a provoqué une rupture historique avec le camp palestinien, ne constitue pas un obstacle insurmontable. À Jérusalem, son gendre Jared Kushner, qui doit présenter prochainement un nouveau plan de paix, n’a pas dit autre chose. Selon la Maison Blanche, la décision prise par le président des États-Unis est même « une condition nécessaire à la paix entre Israéliens et Palestiniens ».
Elle ne signifie pas, toujours selon l’administration « que les États-Unis ont pris position sur les négociations sur le statut final » qui seront prises « entre Israéliens et Palestiniens ». Benyamin Nétanyahou a opposé pour sa part une fin de non-recevoir aux aspirations palestiniennes en célébrant Jérusalem devant la délégation américaine présente sur place comme la « capitale indivisible » d’Israël.
« Droit d’Israël à se protéger »
Marquée par les interventions de deux pasteurs controversés, John Hagee et Robert Jeffress, qui illustrent les liens entre les chrétiens fondamentalistes américains et les autorités israéliennes, la cérémonie d’inauguration a tenté de tenir à distance les images sanglantes qui s’accumulaient au même moment à Gaza. Jared Kushner y a fait une brève allusion dans son discours en dénonçant « ceux qui provoquent les violences », qui « font partie du problème, pas de la solution ». Plus tard dans la journée, le porte-parole adjoint de la Maison Blanche a défendu sans la moindre réserve « le droit d’Israël à se protéger » tout en faisant porter sur le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) la totale responsabilité du drame, dénonçant une « horrible propagande ». Sollicité, il a de même refusé de reprendre à son compte les appels au « discernement » et à la « retenue » lancés au même moment par la diplomatie française.
Le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem divise aux États-Unis. Selon un sondage publié par la chaîne CNN deux semaines après l’annonce de la décision de Donald Trump, le 6 décembre, une majorité relative (49 % contre 36 % d’avis contraires) était opposée à ce déplacement. Une forte majorité de personnes se définissant comme conservateurs (60 %) ou républicains (66 %) y était au contraire favorable. La Maison Blanche a mis en avant lundi le fait, qu’à la différence de ses prédécesseurs, Donald Trump avait tenu une promesse de campagne en appliquant le Jerusalem Embassy Act voté par le Congrès à une écrasante majorité en novembre 1995. Avant lui, Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama en avaient retardé son application en arguant des « intérêts de la sécurité nationale américaine », pour donner une chance aux négociations de paix.
Ambassade américaine en Israël : inauguration officielle à Jérusalem, bain de sang à Gaza
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