A « L’Emission politique », le bilan d’un an de présidence d’Emmanuel Macron
A « L’Emission politique », le bilan d’un an de présidence d’Emmanuel Macron
Le Monde.fr avec AFP
Christophe Castaner, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure, Laurent Wauquiez et Marine Le Pen se sont succédé jeudi soir sur le plateau de France 2 pour juger la politique du gouvernement.
Chacun des invités est intervenu, seul, à travers un entretien de quinze minutes avec la journaliste Léa Salamé. / PHILIPPE LOPEZ / AFP
Tour à tour, les représentants des cinq principales formations politiques se sont succédé sur le plateau de « L’Emission politique », sur France 2, jeudi 17 mai au soir. Christophe Castaner, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure, Laurent Wauquiez et Marine Le Pen étaient invités par les journalistes Léa Salamé et François Langlet pour discuter du bilan de la présidence d’Emmanuel Macron, après un an au pouvoir.
Une forme critiquée puisqu’elle ne laisse pas la place au débat entre ces cinq responsables.
Autre bémol : Benoît Hamon, ancien candidat socialiste à la présidentielle et fondateur du mouvement Génération. s, s’est plaint auprès de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, de ne pas avoir été invité.
Jean-Luc Mélenchon promet « une marée humaine » face à Macron
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a promis jeudi une « super fête à Macron » le 26 mai, lors de la manifestation à laquelle son mouvement, notamment, a appelé pour protester contre la politique du président.
« Le monarque républicain n’a pas un sceptre, il a un ciseau, il coupe dans les budgets de l’Etat, dans les effectifs de services publics, dans les revenus des pauvres gens, il coupe dans l’histoire sociale de la France, en voulant bousculer et détruire les statuts acquis au fil des années », a accusé M. Mélenchon, passé en premier sur le plateau jeudi soir, après tirage au sort.
Le député a notamment dénoncé « la logique d’égoïsme social » du président de la République. « C’est pour ça que le 26 mai, on va être très nombreux », il y aura « une marée populaire », a-t-il promis.
Revenant sur la réforme de la SNCF, il a estimé que « la lutte a [vait] déjà payé puisque l’incessibilité » de l’entreprise, qui avait fait l’objet d’un amendement de son groupe, refusée il y a quelques semaines, va finalement être inscrite dans le projet de loi. « Mais ce n’est pas la garantie totale » que la SNCF ne sera jamais privatisée, a-t-il mis en garde.
Il a également accusé les députés LRM d’être « la plus grande armée de godillots qu’on ait vue » à l’Assemblée et qualifié les ministres, mais « pas Hulot », d’« écolos de comédie ».
Laurent Wauquiez se poste en héraut des classes moyennes et populaires
Pouvoir d’achat, terrorisme, identité… Laurent Wauquiez a pu aborder les points les saillants du discours qu’il tient depuis son élection comme président du parti Les Républicains (LR) il y a cinq mois.
Tout au long de son intervention, il a tenu à se présenter comme le héraut d’une France des classes moyennes et populaires – face à Emmanuel Macron qui privilégierait, selon lui, la France qui va bien –, dénonçant le fait que « 42 % des cadeaux fiscaux » ont été accordés aux « 5 % les plus riches ». « Vous vous attendez à ce que la droite, ça soit la droite de l’ISF et des patrons ? », a interrogé M. Wauquiez, atténuant le discours libéral classique tenu par la droite. « Je crois aux libertés, mais je ne crois pas à l’injustice », a-t-il affirmé.
Face à un chef de l’Etat qu’il accuse de ne pas avoir « un amour charnel de la France », le président des Républicains a plaidé pour « retrouver la France », une manière d’emprunter à Marine Le Pen le thème de l’identité. Enfin, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes a cherché à gommer son image clivante en demandant à Emmanuel Macron de recevoir les chefs de parti pour définir une « union nationale » contre le terrorisme, tentant ainsi de rejeter le rôle de diviseur dans le camp de l’Elysée.
Christophe Castaner pour le maintien de la taxe d’habitation pour les résidences secondaires
Face aux journalistes de France 2, le patron de La République en marche, Christophe Castaner, a plaidé au nom du parti présidentiel pour le maintien de la taxe d’habitation pour les résidences secondaires :
« Je considère que l’on peut maintenir la taxe d’habitation sur les résidences secondaires à condition que l’on maintienne la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales de tous les Français. »
Le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement a précisé qu’il s’agissait de sa « position de délégué principal de La République en marche ». « Il n’est pas question pour nous de substituer la taxe d’habitation pour l’ensemble des Français. (…) La volonté du gouvernement n’est surtout pas d’alourdir la taxe foncière », a souligné M. Castaner, répétant qu’il « n’y aura [it] aucun impôt nouveau créé ».
Le gouvernement avait assuré le 9 mai que la taxe d’habitation serait supprimée « au plus tard d’ici à 2021 », promettant une concertation sur les pistes destinées à compenser le manque à gagner pour les collectivités. Cet impôt représente, en effet, 34 % des ressources fiscales des communes.
Olivier Faure essaie de faire connaître ses positions, et lui-même
Encore méconnu du grand public, le secrétaire du Parti socialiste (PS) a tenté de forcer sa nature discrète, pour faire passer des messages politiques. Il s’est une nouvelle fois placé dans l’opposition en soutenant « les retraités, les étudiants, les fonctionnaires, les malades (…) et les locataires ».
Mais, chose rare, Olivier Faure a réhabilité une partie du bilan de François Hollande, notamment sur l’éducation nationale. « S’il n’y avait pas eu la gauche pendant cinq ans, 60 000 enseignants n’auraient pas été recrutés et formés. »
Concernant sa participation à certaines manifestations comme celle du 22 mai à l’appel de tous les syndicats, mais pas à celle du 26 mai à l’appel notamment de la CGT et de la France Insoumise, le chef de file du PS assume ses divergences : « j’assume de ne pas partager tout ce que disent Olivier Besancenot, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ». Il a répété sa volonté de ne pas « instrumentaliser le mouvement social, ce qui reviendrait à l’affaiblir ».
Marine Le Pen dénonce le projet de loi asile immigration porté par Gérard Collomb
Dernière à intervenir dans « L’Emission politique », Marine Le Pen a fait son entrée en dénonçant la « politique déracinée » d’Emmanuel Macron. Après avoir répondu à quelques questions sur la politique internationale, taxant notamment Donald Trump de jouer « avec des allumettes à côté d’une station essence », la présidente du parti d’extrême droite est revenue à son thème de prédilection : l’immigration.
« Submersion », « politique criminelle », « mensonge absolu » : la présidente du Front national (FN) a dénoncé le projet de loi asile immigration porté par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb, proposant une nouvelle fois la suppression du droit du sol et se posant en avocate du « principe d’assimilation » contre le « principe d’intégration ».
Abordant ensuite la recomposition de la vie politique, Marine Le Pen a évoqué ses « alliés » en Europe où les conservateurs et eurosceptiques gagnent une place au pouvoir. Toujours isolée en France, elle a renvoyé la question de potentielles alliances au futur proche.