En difficulté depuis trois ans, SFR est reparti à la conquête de ses clients
En difficulté depuis trois ans, SFR est reparti à la conquête de ses clients
LE MONDE ECONOMIE
L’opérateur a gagné 239 000 abonnés mobiles et 71 000 dans le fixe au premier trimestre.
La patron d’Altice Europe, Alain Weill, le 20 mars, à Paris. / ERIC PIERMONT / AFP
Dans les télécoms, le jeu des vases communicants continue. Profitant, peut-être, de l’essoufflement de ses concurrents, en particulier de Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre personnel du Monde), SFR, en difficulté depuis son rachat par Patrick Drahi il y a un peu plus de trois ans, a remonté la pente commerciale au premier trimestre.
Entre les mois de janvier et mars, il a gagné 239 000 clients dans le mobile et 71 000 dans le fixe. « Nous sommes l’opérateur qui a recruté le plus d’abonnés dans le fixe et dans le mobile ce trimestre. Les clignotants sont passés au vert. Le taux d’attrition [taux de départ des clients] a énormément baissé », se félicite Alain Weill, qui a été propulsé patron d’Altice Europe, la structure coiffant SFR, mais aussi Israël et la République dominicaine. En comparaison, Bouygues Telecom, qui publiait également ses résultats, jeudi 17 au matin, a engrangé 130 000 nouveaux clients dans le mobile et 64 000 dans le fixe.
A la Bourse de Paris, le titre gagnait 8 % en début de séance, jeudi. En revanche, le chiffre d’affaires de SFR a légèrement reculé de 0,8 %, à 2,6 milliards d’euros, et l’ebitda est resté stable, à 914 millions d’euros. Au total, les recettes d’Altice Europe n’ont pas évolué, atteignant 3,6 milliards d’euros, tandis que l’ebitda a reculé de 2,2 %.
Recul du revenu moyen par abonné
Dans le fixe, le revenu moyen par abonné SFR (ARPU), indicateur très regardé par les analystes, a reculé de 1,80 euro. L’opérateur a notamment pâti de la réforme de la TVA, qui lui permettait, en 2017, d’utiliser massivement le taux super-réduit de la presse à 2,1 %, et qui devrait amputer ses revenus de 200 millions d’euros cette année. Mais Alain Weill préfère voir dans cette stagnation un effet normal de ce début de reconquête.
« Il faut y voir l’effet des promotions. Mais nous comptons notamment faire remonter le chiffre d’affaires grâce à la politique d’options que nous avons mise en place en mars et qui fonctionne très bien », assure ce dernier. Alors qu’il a longtemps misé sur des offres onéreuses comprenant par défaut Internet, sport et cinéma, l’opérateur a décidé de faire des contenus, de simples options, actant que cela répondait mieux à la demande de ses clients.
Signe que l’opérateur, très chahuté en Bourse ces derniers mois, continue de piloter au plus près ses dépenses, Alain Weill, tout en assurant que les contenus restent au cœur de la stratégie, confirme qu’il ne sera pas au rendez-vous de la Ligue 1. Les droits du championnat de France de football pour la période 2020-2024 seront remis en jeu le 29 mai. « Nous ne pouvons pas prendre un engagement de 3 milliards à 4 milliards d’euros sur quatre ans. Si nous n’avons pas la Ligue 1, nos abonnés y auront quand même accès, car nous distribuons Canal+ et BeIN Sports », explique le PDG, qui préfère assurer le lancement, le 30 mai, de RMC Sport, qui diffusera la Champions League à la rentrée prochaine.
Faire baisser la dette
Mais SFR n’a pas encore réussi à convaincre ses concurrents Orange, Free et Bouygues Telecom de distribuer RMC Sport, dont il aimerait obtenir, selon nos informations, des minima garantis à six chiffres.
Du côté des investissements, Alain Weill assure être au rendez-vous de la fibre, même si l’opérateur ne donne pas le détail de ses recrutements, les mélangeant avec les abonnés câbles. « Nous participons à tous les appels d’offres dans les zones rurales », affirme-t-il. Mais, si SFR continue à négocier avec Orange un partage de la construction d’infrastructures dans les zones moyennement denses, il se déploie moins vite que son concurrent. L’an passé, il a construit 279 000 prises de raccordement à la fibre, contre 1,8 million pour Orange.
En attendant, il doit toujours faire entrer du cash afin de faire baisser sa dette, qui est de 32,5 milliards d’euros. « Nous allons filialiser les tours de téléphonie mobile, afin de faire entrer de nouveaux actionnaires. Nous souhaitons retirer 2 milliards d’euros entre la France et le Portugal », déclare le PDG.