Feu vert à l’ouverture du capital d’Universal Music
Feu vert à l’ouverture du capital d’Universal Music
LE MONDE ECONOMIE
L’évolution de la filiale la plus rentable du groupe Vivendi était évoquée depuis deux ans. Aucun calendrier n’a cependant été fixé à ce stade.
Le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, lors de l’assemblée générale du groupe, le 19 avril, à Paris. / ERIC PIERMONT/AFP
Le conseil de surveillance de Vivendi, réuni jeudi 17 mai, a donné son feu vert à « l’évolution possible de la structure actionnariale du capital » d’Universal Music Group (UMG). Le directoire du groupe désormais présidé par Yannick Bolloré va « étudier et réaliser les opérations juridiques » nécessaires à la mise en Bourse ou à l’arrivée de nouveaux actionnaires dans la filiale la plus rentable de Vivendi. Une étude, mais pas encore d’annonce. Le principe, évoqué depuis deux ans, est enfin acquis. Cependant, beaucoup d’interrogations demeurent.
Le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, a reconnu qu’il n’y avait « pas de calendrier défini à ce stade ». Il s’est également déclaré « agnostique » et a dit avoir « l’esprit ouvert » quant à la forme que prendra cette ouverture du capital, sans écarter un seul schéma financier, sauf « une vente complète, qui n’est pas sur le radar ».
La maison de Drake, Rihanna ou Kanye West représentait l’an dernier 45,6 % du chiffre d’affaires de Vivendi, mais surtout 77 % de ses bénéfices opérationnels. Ce qui en fait « la » pépite du groupe. Pourquoi, dans ce cas, en céder une partie ? Les valorisations les plus élevées circulent depuis plusieurs mois dans le secteur de la musique.
Grâce au streaming (l’écoute en direct sans téléchargement), cette industrie retrouve des couleurs après quinze années de marasme. Les dirigeants de Vivendi entendent en profiter. Et ce, en suivant l’exemple de Spotify, le numéro un mondial de la musique en streaming, qui a réussi son entrée en Bourse à New York le 3 avril, avec une valorisation de 29,5 milliards de dollars (24 milliards d’euros).
Sujets moins réjouissants
« Nous espérons atteindre la meilleure valorisation possible (…), bien au-dessus de celle de Spotify », a confirmé Hervé Philippe, directeur financier de Vivendi, en rappelant qu’il y a quatre ans, UMG n’était valorisé « que » 7 milliards d’euros. Fin avril, Bruno Hareng, analyste chez Oddo, évaluait le numéro un mondial de la musique, devant Warner et Sony, à 17,8 milliards d’euros. Les autres estimations varient dans une fourchette comprise entre 18 et 30 milliards.
Si les concurrents ont tous cédé leurs parts dans Spotify pour arrondir leur trésorerie, UMG les conservera, pour profiter du potentiel de développement du groupe suédois, a précisé M. Puyfontaine.
Chez HSBC, on n’exclut pas que la cession partielle d’UMG permette aussi de masquer d’autres sujets beaucoup moins réjouissants pour la direction de Vivendi, comme le bourbier italien autour de Telecom Italia, l’enquête sur des soupçons de corruption visant Vincent Bolloré en Afrique ou encore l’épineuse renégociation des droits de la Ligue 1 de football.