En attendant le « grand soir », Lutte ouvrière rejoint la « marée populaire »
En attendant le « grand soir », Lutte ouvrière rejoint la « marée populaire »
Par Abel Mestre
Le parti sera présent dans les cortèges du 26 mai, même si Nathalie Arthaud précise que LO ne signera pas l’appel commun.
C’est presque une surprise. Lutte ouvrière (LO) sera finalement présente dans les cortèges de la « marée populaire » du 26 mai à l’initiative d’une cinquantaine d’associations, partis ou syndicats, dont la CGT, SUD-Solidaires, La France insoumise, le Parti communiste français, Génération.s, le Nouveau Parti anticapitaliste.
« Nous appelons à participer à ces manifestations. Nous sommes conscients que les travailleurs veulent exprimer leur hostilité face à la politique d’Emmanuel Macron, favorable à la bourgeoisie », a ainsi déclaré Nathalie Arthaud, porte-parole de l’organisation trotskiste. L’annonce sera faite lors de son discours dimanche après-midi, pendant la traditionnelle fête de LO qui a lieu chaque année à Presles (Val-d’Oise).
« Manœuvres politiques »
Cependant, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle tient à préciser que LO « ne signera pas l’appel commun et ne participera pas au cadre unitaire » de l’organisation de la marche. LO a refusé avec constance toutes les initiatives « unitaires » de la gauche qui fleurissent depuis le mois de mars. « Nous dénonçons ces manœuvres politiques, argumente-t-elle. Quelle est la perspective ? L’alternance ? Le retour de la gauche au pouvoir ? Nous avons le souvenir amer de ces expériences. »
Pour Mme Arthaud, ces appels à l’unité sont autant de faux nez des partis « réformistes » pour préparer les prochaines élections. Or, pour elle, la seule alternative s’incarne dans une perspective révolutionnaire. Sauf que LO ne peut pas se payer le luxe d’être totalement absente de « la marée populaire », point d’orgue de la mobilisation anti-Macron. Lutte ouvrière, qui revendique 8 000 adhérents, sort d’une année électorale 2017 morne. L’émanation française de l’Union communiste internationaliste n’a recueilli que 0,64 % des suffrages exprimés lors de la présidentielle et 0,72 % lors des législatives. Elle ne doit pas tomber dans l’oubli.
Leurs militants seront donc là, mais en queue des cortèges et « il n’y aura pas de photo » avec les autres dirigeants de gauche. Dans le viseur de Mme Arthaud, se trouve notamment Jean-Luc Mélenchon. Le leader de La France insoumise, qui appelle à une telle marche depuis plusieurs semaines, ne cherche qu’à « prendre la place d’Emmanuel Macron ». « Ce sont des discours radicaux, mais vides. Il n’a jamais dit qu’il fallait exproprier les [grandes entreprises]. Il n’est pas communiste. Il veut simplement humaniser, moraliser, adoucir le capitalisme », tranche la professeure d’économie. Et fait oublier aux travailleurs la perspective du « grand soir ».