Nicolas Maduro a été réélu à la présidence du Venezuela, dimanche 20 mai, avec 68 % des voix, loin devant ses concurrents, a annoncé la commission électorale. Le principal concurrent du président sortant a dénoncé des irrégularités et a déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas le résultat du scrutin.

Menaces de nouvelles sanctions américaines

Les Etats-Unis ont menacé lundi le Venezuela de « mesures économiques et diplomatiques rapides » au lendemain de la réélection du président Nicolas Maduro, qu’ils ont qualifiée de « farce ».

Le président américain, Donald Trump, a signé lundi un décret visant à réduire la capacité de Caracas à vendre des actifs appartenant à l’Etat. Selon son vice-président, Mike Pence, l’élection au Venezuela fut « une farce, ni libre ni équitable ». Il a prévenu que Washington ne resterait pas les bras croisés « alors que le Venezuela s’effondre et que la misère continue de frapper le peuple courageux ».

Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a fait planer la menace de nouvelles sanctions. « Les Etats-Unis se tiennent au côté des nations démocratiques pour soutenir les Vénézuéliens et vont prendre des mesures économiques et diplomatiques rapides pour soutenir le rétablissement de leur démocratie », a-t-il prévenu dans un communiqué, sans plus de précisions.

La quasi-totalité des responsables gouvernementaux vénézuéliens sont déjà visés par des sanctions états-uniennes ou de l’Union européenne. Washington a ajouté vendredi le numéro deux du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello, à sa liste de soixante-dix responsables ciblés, y compris Nicolas Maduro. Les Etats-Unis, qui achètent un tiers du brut vénézuélien, ont menacé par le passé d’un embargo pétrolier et interdisent à leurs citoyens toute transaction sur la dette vénézuélienne.

Série de condamnations

A l’instar des Etats-Unis, l’Union européenne et certains pays latino-américains ont déclaré à plusieurs reprises avant le scrutin que les conditions dans lesquelles il se tiendrait étaient iniques.

« Le processus électoral au Venezuela n’a pas respecté les normes démocratiques les plus élémentaires. L’Espagne et ses partenaires européens vont étudier des mesures appropriées et continuer à œuvrer pour alléger les souffrances des Vénézuéliens », a déclaré sur Twitter le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.

Le « groupe de Lima », qui réunit quatorze pays d’Amérique, du Canada au Brésil, a déclaré qu’il ne reconnaissait pas la légitimité du vote et a abaissé le niveau des relations diplomatiques avec Caracas. Le Brésil a estimé que l’élection « renforçait le caractère autoritaire du régime ».

Soutien des pays politiquement proches

Les pays politiquement proches de Caracas ont adressé leurs félicitations au vainqueur. « Le président russe a souhaité à Nicolas Maduro une bonne santé et le succès dans la résolution des défis sociaux et économiques auxquels fait face le pays », a fait savoir le Kremlin dans un communiqué, lundi 21 mai.

« Un précédent dangereux a été créé lorsque la légitimité du processus électoral dépend non pas de la position des observateurs internationaux, mais de points de vue énoncés à l’avance par certains Etats », a pour sa part dénoncé le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. « Nous constatons malheureusement qu’il y a eu un troisième participant dans ces élections hormis le peuple vénézuélien et les candidats : il s’agit des Etats qui ont ouvertement appelé au boycott du scrutin », a déclaré le responsable du ministère pour l’Amérique latine, Alexandre Chtchetinine, cité par l’agence de presse Interfax.

Le président biélorusse, l’autoritaire Alexandre Loukachenko, a également félicité Nicolas Maduro pour sa réélection, saluant dans un communiqué une victoire de la « véritable démocratie » et de la « justice populaire ».

En Amérique centrale, le Salvador a adressé ses félicitations au vainqueur. Cuba a applaudi la « large victoire » du dirigeant vénézuélien, l’assurant de son soutien.

A Pékin, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Lu Kang, a déclaré que pour la Chine, le gouvernement et le peuple vénézuéliens étaient à même de gérer leurs propres affaires intérieures et que chacun devait respecter le choix du peuple vénézuélien. Le porte-parole n’a pas expressément adressé de « félicitations » à Caracas.

La crise au Venezuela expliquée en 5 minutes
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