Affaire French Tech : Muriel Pénicaud placée sous le statut de témoin assisté
Affaire French Tech : Muriel Pénicaud placée sous le statut de témoin assisté
Le Monde.fr avec AFP
Ce statut est pour l’instant à l’avantage de la ministre, dont le vaste projet de loi sur la formation, l’assurance-chômage et l’apprentissage arrive en commission à l’Assemblée dans une semaine.
Les enquêteurs cherchent à déterminer si Muriel Pénicaud a eu connaissance en amont des modalités d’organisation et d’éventuels dysfonctionnements. / ERIC FEFERBERG / AFP
Après cinq heures d’audition chez les juges du pôle financier qui enquêtent sur le déplacement organisé en 2016 pour Emmanuel Macron à Las Vegas, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a été placée sous le statut de témoin assisté, a déclaré son avocat, mardi 22 mai.
Muriel Pénicaud évite donc une mise en examen dans cette enquête pour « favoritisme et recel de favoritisme » visant Business France (BF), l’organisme public de promotion de l’économie française à l’étranger dont elle était directrice générale à l’époque. Interrogée à sa sortie du tribunal, la ministre n’a pas souhaité faire de commentaire.
Même si les juges peuvent revoir leur position et prononcer ultérieurement une mise en examen, ce statut de témoin assisté est pour l’instant à l’avantage de la ministre, dont le vaste projet de loi sur la formation, l’assurance-chômage et l’apprentissage arrive en commission à l’Assemblée dans une semaine.
Rapport critique de l’Inspection générale des finances
Le 6 janvier 2016, Emmanuel Macron, ministre de l’économie qui cachait de moins en moins ses ambitions présidentielles, avait rencontré des centaines d’entrepreneurs français lors d’une soirée au Consumer Electronics Show (CES), grand-messe de l’innovation technologique.
Contrainte de monter cette opération de plus de 300 000 euros en urgence sous la pression du cabinet du ministre, BF l’avait intégralement confiée à l’agence Havas, sans recourir à la mise en concurrence prévue par le code des marchés publics pour de telles sommes.
C’est un rapport critique de l’Inspection générale des finances (IGF) transmis par Bercy qui avait conduit le parquet de Paris à ouvrir cette enquête en mars 2017, confiée le 7 juillet à trois magistrats instructeurs.
Havas affirme au contraire avoir été sollicité légalement en vertu d’un contrat-cadre signé six mois plus tôt avec BF et qui lui octroyait une forme d’exclusivité. Pour l’évènement, l’agence avait perçu 289 019 euros, après renégociation.
Les enquêteurs cherchent néanmoins à déterminer si Havas a pu être favorisé par rapport à ses concurrents et si Muriel Pénicaud a eu connaissance en amont des modalités d’organisation et d’éventuels dysfonctionnements, ce qu’elle a toujours nié.