Manifestation du 22 mai : le salaire des fonctionnaires reste un point de crispation
Manifestation du 22 mai : le salaire des fonctionnaires reste un point de crispation
Par Benoît Floc'h
Les syndicats de la fonction publique réclament des mesures en faveur des rémunérations.
C’est l’un des enjeux majeurs de la mobilisation nationale des fonctionnaires. Le rendez-vous salarial annuel approche, et les syndicats espèrent toujours mettre la pression sur le gouvernement pour inciter celui-ci à se montrer le plus généreux possible. Chacun, cependant, sait à peu près à quoi s’en tenir. Les syndicats savent qu’ils obtiendront un geste, mais guère plus. Le gouvernement ne fait d’ailleurs pas mystère de ses intentions.
Dans un entretien accordé à Libération, lundi 21 mai, Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a exclu une nouvelle fois toute hausse générale du point d’indice, lequel sert de base au calcul du traitement des fonctionnaires. « Une augmentation du point n’est pas notre choix pour traiter des questions salariales, explique M. Dussopt. Lorsqu’on l’augmente de 1 %, cela coûte 2 milliards d’euros et représente à peine 15 euros par mois pour un agent à 2 000 euros net. »
Pour autant, même si la Cour des comptes ne cesse de lui demander de baisser la dépense publique, le gouvernement sait qu’il a politiquement intérêt à lâcher un peu de lest. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en mai 2017, les mauvaises nouvelles pleuvent sur les fonctionnaires : suppression annoncée de 120 000 postes, gel du point d’indice en 2018, rétablissement du jour de carence, report de l’accord salarial de 2015… Sans compter les annonces du 1er février, parmi lesquelles le recours accru aux contractuels et les plans de départs volontaires, et le rapport CAP 2022 sur la réforme de l’Etat attendu pour le mois de juin.
« Valoriser un certain nombre de métiers »
Le fait d’avancer le rendez-vous salarial d’octobre à juin était déjà un geste du gouvernement vis-à-vis des syndicats, car cela signifie que les mesures qui y seraient annoncées auraient encore le temps d’être introduites dans le budget 2019. En mars, M. Darmanin avait indiqué qu’il souhaitait revaloriser les rémunérations des « plus mal payés ». Le ministre avait évoqué « un rattrapage sur des métiers comme celui d’infirmière » ou « un certain nombre de métiers de catégorie C » (la moins bien payée). « Nous sommes prêts à travailler à des hausses catégorielles ciblées avec un vrai impact pour mieux accompagner, valoriser un certain nombre de métiers », a confirmé M. Dussopt, le 21 mai.
Mais cela ne satisfera pas les syndicats. « Il ne peut y avoir de vraie politique salariale sans mesure générale », rappelle Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT-Fonction publique, premier syndicat du secteur, en demandant « une mesure immédiate de dégel du point et un plan de rattrapage ». « Le gouvernement, justifie M. Canon, fait le choix politique de redonner aux riches et aux entreprises des sommes considérables et ces mesures ne montrent pas leur effectivité. »
La CFDT, deuxième organisation représentative, devait faire parvenir ses propositions au gouvernement mardi 22 mai. Parmi celles-ci, l’augmentation du point d’indice en 2019, la revalorisation des jours payés dans le cadre du compte épargne-temps ou la poursuite de la compensation de la hausse de la CSG au-delà de 2019. La CFDT rappelle également que M. Darmanin s’était engagé, en octobre 2017, à revoir l’indemnité de mission qui couvre les frais des agents en cas de déplacement professionnel. A titre d’exemple, une nuitée à Paris est couverte à hauteur de 60 euros, rappelle Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT- Fonctions publiques. Et, précise-t-elle, « aujourd’hui, beaucoup d’agents en sont souvent de leur poche ».