Gerard Piqué. / Beaugrand Maxime — Le Monde

  • Calendrier

15 juin : Portugal - Espagne (20 heures à Sotchi)

20 juin : Iran - Espagne (20 heures à Kazan)

25 juin : Espagne - Maroc (20 heures à Kaliningrad)

Heure française

  • Historique en Coupe du monde

Quinzième participation (et onzième d’affilée), meilleur résultat : un sacre, en 2010.

  • Leur petit nom

La Roja, soit « la Rouge ». Tout rapport avec la couleur dominante du drapeau national pourrait ne pas être fortuit.

  • L’équipe qui devrait jouer

David De Gea – César Azpilicueta, Gerard Piqué, Sergio Ramos, Jordi Alba – Sergio Busquets, Thiago Alcantara, Andres Iniesta – David Silva, Diego Costa, Isco.

  • Le sélectionneur

Julen Lopetogui, 51 ans, après une honnête carrière de gardien de but (et une cape internationale en 1994), ce formateur s’est illustré sur le banc de différentes sélections de jeunes de la Roja – remportant notamment des championnats d’Europe des moins de 19 ans et Espoirs (en 2012 et 2013). S’il ne possède qu’une seule expérience dans un grand club, au FC Porto, qu’il qualifie lui-même de « semi-échec », la fédération espagnole l’a mis aux manettes de la grosse cylindrée ibérique après l’Euro 2016 en raison de ses résultats avec les jeunes, ceux qui composent désormais l’ossature de la sélection.

BILAN DE COMPÉTENCES

Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? Mon CV parle de lui-même, non ? Bien sûr j’ai été sortie en groupes du dernier Mondial par les Pays-Bas et le Chili (deux pays non qualifiés pour cette édition, le karma). Mais j’ai réussi une phase de qualifications de haut vol, éliminant l’Italie du voyage en Russie et signant neuf victoires et un nul en dix rencontres. Oh, j’ai également inscrit 36 buts, contre seulement trois encaissés.

De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Pendant quatre ans, de 2008 à 2012, j’ai été comme mon compatriote Nadal sur terre battue : seule au monde. Et il me reste quelques joueurs de cette époque. Si ça ne vous suffit pas pour me prendre au sérieux, les clubs de mon pays ont remporté les cinq dernières Ligues des champions (car, bien sûr, le Real va gagner).

Si vous deviez nous donner trois qualités ? Après plusieurs années à hésiter sur quel pied danser, entre les Anciens et les Modernes, mon sélectionneur semble être parvenu à tirer la quintessence des vétérans et des jeunes pépites. Je m’en sors par le jeu, et José Mourinho estime que je suis « encore une vraie équipe, avec des joueurs capables de jouer ensemble et de suivre la même philosophie de jeu ».

Et trois défauts ? Invaincue depuis l’Euro 2016, je devrai faire attention à ne pas aborder la compétition trop en confiance. Etant composée essentiellement de joueurs du Real et du Barça, leur rivalité peut à tout moment pourrir l’ambiance en cas de mauvais résultats. Et vu le vivier dont je dispose, j’ai été forcée de laisser quelques pointures a casa, comme Morata, ce qui me sera reproché en cas de mauvais parcours.

ANDRÉS INIESTA EN CINQ DATES

1492 : Avec la prise de Grenade par les armées chrétiennes, la Reconquista de l’Espagne, débutée en 1085, s’achève. Quelques années plus tard, Andres Iniesta tweete d’y « Croire, toujours y croire », un jour avant la « remontada » de son Barça face au PSG.

1996 : Le petit Andrés Iniesta Luján, 12 ans, intègre la Masia, le centre de formation du FC Barcelone, club qu’il n’a toujours pas quitté. Quelques mois plus tôt, ses parents refusaient qu’il intègre le Real Madrid en raison du quartier trop infréquentable où logeaient les apprentis footballeurs madrilènes.

2009 : A la 90+3e minute de la demi-finale retour de la Ligue des champions, Iniesta prouve qu’il n’y a pas besoin d’être un golgoth pour infliger des coups de massue sur le crâne. Sa victime ? Le Chelsea de Drogba, éliminé par cette « fucking disgrace » prénommée Andrés.

2010 : Pendant que dans un univers parallèle certains se demandent encore s’ils doivent sortir du bus, Andrés Iniesta sort du bois un soir de finale de Coupe du monde. A la 116minute de la prolongation, le maestro de l’Espagne offre à son pays son premier titre mondial.

2018 : Espagnol le plus titré de l’histoire (avec la bagatelle de 35 titres), Don Andres quitte son club de toujours sur un nouveau doublé (championnat et Coupe du roi). Et file au Japon, où la gloire de la Roja devrait changer le vin en yens, et trouver moyen d’écouler le vino tinto de la bodega Iniesta familiale.

Andres Iniesta aspire à remporter un nouveau trophée avec l’Espagne. / JORGE GUERRERO / AFP

FIGUREZ-VOUS ARSÈNE

… que le maillot de la Roja pour cette édition de la Coupe du monde ne plaît pas à tout le monde. Tant pis pour les grincheux, me direz-vous, sauf que, cette fois, la politique s’est emparée du sujet. Tout à son affaire de remettre au goût du jour des designs « rétro » fleurant bon les années 1990 (l’Allemagne et la Belgique en savent quelque chose), l’équipementier à trois bandes de l’équipe d’Espagne a provoqué une polémique en reprenant les bandes – rouge, jaune et bleu – arborées par la Roja en 1994. Or certains voient dans ce bleu tirant sur le violet une évocation du drapeau de la seconde république espagnole. Celle (1931 et 1939) au cours de laquelle la Catalogne a déclaré son autonomie, et qui s’est achevée par la guerre civile (1936-1939) et la dictature du général Franco. Et celle dont une partie (plutôt à droite) de la classe politique ne veut plus entendre parler.

LE JOUR OÙ…

Alfredo Di Stefano a raté le Mondial. On peut avoir été la première superstar mondiale du football, « meilleur que Pelé » (ces mots sont de Maradona), mais n’avoir jamais disputé de rencontre de Coupe du monde. Naturalisé espagnol en 1956 alors qu’il brille sur la scène européenne avec le Real Madrid, Alfredo Di Stefano ne parvient pas à qualifier la Roja pour le Mondial 1958.

Lui qui avait manqué les deux éditions précédentes (1950 et 1954) car la sélection argentine (son pays de naissance) les avait boycottées, parvient enfin aux portes de la Coupe du monde, en 1962 au Chili. Mais une blessure, contractée lors d’un match préparatoire, empêche « la Flèche blonde » de prendre part au Mondial.

BIG DATA

4. En étant sortie par les Pays-Bas d’un Van Persie volant et le Chili lors de la phase de groupes du Mondial 2014, l’Espagne a rejoint le club très fermé des champions du monde en titre éliminés dès les poules. Avant les coéquipiers d’Iker Casillas, seuls le Brésil de 1966, la France de 2002 et l’Italie de1950 et 2010 s’étaient « illustrés » de la sorte.

LE WIKI DE QUI ?

Qui suis-je ?

Né au Brésil, j’ai rejoint l’Espagne dans mon enfance, mon père s’occupant des équipes de jeunes du Celta Vigo, où j’ai entamé ma formation. Recruté par la Castilla du Real Madrid, je ne m’y impose pas et entame ma carrière professionnelle sur les bords du Tage, à Lisbonne. Après un court passage en Angleterre, je rejoins mon club actuel, où mes performances me permettent d’attirer l’œil du sélectionneur. Je disputerai la Coupe du monde aux côtés de mon cousin, qui évolue en Allemagne.

PLATEAU TÉLÉ

Si une caña de Mahou ne vous sied guère, remplacez-la avantageusement par un verre de tinto de verano (composé de limonade, de vin rouge et de glaçons, une hérésie mais qui se boit). Et accompagnez-le de quelques pintxos, en hommage à Lopetegui, ou de tapas, pour la version espagnole, pour garder bonne figure.