Homéopathie : Agnès Buzyn évoque une évaluation scientifique
Homéopathie : Agnès Buzyn évoque une évaluation scientifique
Par Pascale Santi
La ministre de la santé semble envisager de mettre un terme au statut dérogatoire dont bénéficient ces médicaments, dont le déremboursement est réclamé par certains professionnels.
Le statut dérogatoire de l’homéopathie va-t-il disparaître ? « L’homéopathie pourrait rentrer dans le droit commun et être évaluée scientifiquement. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle est inutile, elle arrêtera de l’être », a indiqué la ministre de la santé, Agnès Buzyn, sur les ondes de France Inter, jeudi 24 mai. « Le problème de l’homéopathie est qu’elle n’a jamais été évaluée comme les médicaments. »
.@agnesbuzyn : "L’homéopathie n’a jamais été évaluée médicalement" https://t.co/U98pi9qIAn
— franceinter (@France Inter)
L’homéopathie dispose en effet d’un statut dérogatoire. L’autorisation sur le marché des médicaments homéopathiques ne suit pas le même chemin que les autres médicaments. Ni même leur évaluation par la Haute autorité de santé, qui ne peut se prononcer sur le service médical rendu (SMR) de ces spécialités.
La ministre de la santé a quelque peu infléchi ses propos. Interrogée à deux reprises mi-avril sur Europe 1 et RMC/BFM-TV, elle avait reconnu que « l’homéopathie ne peut fonctionner autrement que par l’effet placebo », tout en constatant l’attachement des Français. « Si ça peut éviter de consommer des médicaments toxiques, nous y gagnons, en tout cas ça ne fait pas de mal », avait-elle indiqué, engendrant sur les réseaux sociaux une volée de demandes de remboursement pour des traitements loufoques ne faisant « pas de mal ». La ministre avait estimé que « si on se pose la question du remboursement de l’homéopathie, il faut se poser celle de tous les médicaments peu efficaces ».
Une question récurrente et explosive
C’est le texte, signé par 124 professionnels de santé, publié dans Le Figaro le 19 mars, qui a relancé cette question récurrente et explosive. Rappelant l’efficacité non prouvée des médecines dites « alternatives », notamment l’homéopathie, ils appelaient à son déremboursement – accusant implicitement ses promoteurs d’escroquerie intellectuelle – et à ne plus reconnaître comme qualifications médicales les diplômes en homéopathie.
Au ministère de la santé, on indique ne pas avoir de position doctrinaire. « Nous remboursons à des taux très faibles des médicaments peu efficaces voire extrêmement peu efficaces. Le débat est ouvert sur l’utilité des médicaments, où met-on l’argent public », a poursuivi la ministre jeudi 24 mai. La question est donc relancée – sans précision sur les échéances et la nature de l’évaluation.
Une partie des médicaments homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30 % par l’Assurance-maladie. Le marché total de l’homéopathie représente environ 620 millions d’euros en 2017, selon les chiffres du Hub d’OpenHealth, qui s’appuie sur les ventes de plus de 10 700 pharmacies en France. De son côté, l’Assurance-maladie dit avoir remboursé 128,5 millions d’euros de médicaments homéopathiques en 2016, soit moins de 1 % du budget médicaments.
Du côté des médecins homéopathes, on rappelle que « les Français sont nombreux à consommer de l’homéopathie et à en avoir des bénéfices ».