Le Somaliland appelle à l’aide après le passage du cyclone Sagar
Le Somaliland appelle à l’aide après le passage du cyclone Sagar
Par Laurence Caramel
Après la sécheresse, près de 700 000 personnes sont victimes d’une des plus violentes tempêtes tropicales observées dans la région.
Distribution de l’aide transportée par hélicoptère au Somaliland, le 23 mai 2018, après le passage du cyclone Sagar. / Ministère des affaires étrangères du Somaliland.
Le ministre des affaires étrangères du Somaliland, Saad Shire, a lancé mercredi 23 mai un appel à l’aide internationale pour secourir les centaines de milliers de personnes frappées par le cyclone Sagar qui a balayé la Corne de l’Afrique après s’être formé dans le golfe d’Aden, samedi 19 mai. Cette région autoproclamée indépendante, située dans le nord de la Somalie, a été la plus touchée par des vents dépassant 100 km/h et les pluies qui se sont abattues sur des terres et des populations déjà meurtries par une longue sécheresse.
« Au moins trente-et-une personnes sont décédées et des villages entiers ont été mis à terre. Une partie importante du cheptel est morte noyée. Les pêcheurs ont perdu leurs embarcations et de nombreuses zones restent inaccessibles », détaille M. Shire, en demandant une aide alimentaire d’urgence, des médicaments, des vêtements et des moyens pour reconstruire les villages, les fermes ainsi que les routes. La région de Woqooyi Galbeed et celle d’Awdal, frontalière avec Djibouti, sont les plus sinistrées.
Une année de pluies en quelques jours
Selon un bilan encore provisoire, 670 000 personnes sur une population de 4 millions d’habitants ont été affectées par ce cyclone d’une l’intensité « parmi les plus importantes jamais enregistrées » dans la région. Il s’est abattu en quelques jours l’équivalent d’une année de pluies, soit entre 150 mm et 200 mm. Plus de 700 fermes ont été détruites et 80 % des troupeaux ont péri par endroits.
Les Emirats arabes unis (EAU), l’Organisation de la conférence islamique et Djibouti ont déjà commencé à fournir de l’aide, notamment par la mise à disposition d’hélicoptères militaires pour évacuer les populations sinistrées dans les zones coupées d’accès par les inondations et distribuer des kits de première nécessité.
De son côté, le bureau de coordination pour les affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) souligne que la Somalie, après quatre mauvaises saisons des pluies, reste dans une situation de grave insécurité alimentaire. Les prévisions établies en avril par le réseau d’alerte précoce des famines anticipaient de nouvelles « situations d’urgence » dans la région de Berbera jusqu’à Djibouti.
Un contexte d’extrême vulnérabilité
Dans la classification onusienne, cette étape précède celle où le risque de famine est déclaré. L’appel de fonds de 1,5 milliard de dollars lancé en début d’année pour l’ensemble de la Somalie afin de faire face aux conséquences de la sécheresse n’a été satisfait qu’à hauteur de 25 %. Cette nouvelle catastrophe naturelle survient donc dans un contexte d’extrême vulnérabilité et un engagement financier de la communauté internationale jusqu’à présent limité.
Plus à l’est, à l’extrême pointe de la Corne de l’Afrique, la région autonome du Puntland a été touchée par une autre tempête. L’évaluation du nombre de victimes et des dégâts est en cours, mais les organisations humanitaires ont prévenu que l’insécurité pourrait limiter le déploiement des secours. En outre, de nouveaux affrontements entre le Somaliland et le Puntland ont été observés jeudi 24 mai sur le différend frontalier qui les oppose.