Le premier ministre, Edouard Philippe, en visite dans un centre d’apprentissage, à Mulhouse, le 23 mars. / FREDERICK FLORIN / AFP

S’il entend développer l’apprentissage, le gouvernement n’avait, jusqu’à maintenant, jamais livré d’objectifs chiffrés. Sa communication sur ce dossier évolue, avec des engagements quantitatifs dévoilés, lundi 28 mai, lors d’une nouvelle réunion du Conseil national de l’industrie (CNI) – une instance chargée d’« éclairer » les pouvoirs publics au sujet de ce secteur. A cette occasion, Edouard Philippe devait indiquer que les entreprises industrielles ambitionnent d’accroître de 40 % d’ici cinq ans le nombre d’apprentis qu’elles emploient, soit 87 000 (contre 62 000 en 2016).

Dans l’entourage du premier ministre, on considère que les conditions sont réunies pour atteindre ce but, en particulier grâce au projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », dont l’examen débute mardi devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Le texte repousse jusqu’à 30 ans l’âge auquel une personne peut être recrutée en qualité d’apprenti et assouplit les règles applicables à ce statut en matière de temps de travail, ce qui répond à des « demandes » des entreprises, fait-on valoir à Matignon. De plus, les prérogatives des branches professionnelles seront renforcées, ce qui « incite les industriels à aller de l’avant ».

« Difficultés de recrutement »

Un tel saut ne sera toutefois pas évident à accomplir. « L’image de l’industrie auprès des jeunes n’est pas toujours très positive, ce qui explique qu’il y a, aujourd’hui encore, dans les centres de formation d’apprentis tournés vers ce secteur, des propositions de contrat qui ne trouvent pas preneurs », observe l’économiste Bertrand Martinot.

Dans l’esprit de l’exécutif, la promotion de l’apprentissage vise à réduire le chômage des jeunes, mais aussi à satisfaire les besoins en main-d’œuvre des patrons. Un problème de plus en plus aigu avec le redémarrage de la croissance : dans une enquête diffusée fin 2017, l’Insee rapportait que la part des sociétés industrielles « éprouvant des difficultés de recrutement » n’avait cessé de progresser depuis près de deux ans – retrouvant quasiment son niveau d’avril 2008.

C’est pourquoi le gouvernement entend mettre en place des actions de formation rapides, qui seront financées par le plan d’investissement dans les compétences (PIC) – un programme de 15 milliards d’euros étalé sur cinq ans et ciblé sur les chômeurs de longue durée et les jeunes peu qualifiés. Edouard Philippe devait préciser, lundi, à l’issue du CNI, que près de 149 000 « entrées en formation » sont prévues en 2018 dans le cadre du PIC.