Le Tibesti, à l’extrême nord du Tchad. / Wikipédia

L’armée tchadienne a bombardé, jeudi matin 13 septembre, la localité de Kouri Bougoudi, dans la région du Tibesti, dans l’extrême-nord du pays, où une opération militaire est en cours depuis fin août pour « nettoyer la zone ». « Deux hélicoptères ont bombardé Kouri Bougoudi où des orpailleurs refusent d’évacuer les lieux malgré l’injonction du gouvernement », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire à N’Djamena.

« Le bombardement n’a visé que des civils, [il y a] des victimes innocentes », a déclaré à l’AFP un parlementaire de la région sous couvert d’anonymat. « Il y a quatre blessés qui sont en train d’être acheminés vers la Libye pour y être soignés », a précisé à l’AFP un orpailleur de la zone. Contacté par l’AFP, le porte-parole de l’armée a déclaré ne pas être informé.

Plusieurs rébellions tchadiennes

Fin août, le Tchad avait lancé une opération militaire dans le Tibesti pour, officiellement, « nettoyer la zone » des orpailleurs. Des bombardements avaient été effectués dans la zone. Cette opération intervient après une attaque rebelle, la première d’envergure sur le sol tchadien depuis 2009, menée début août à Kouri Bougoudi par un groupe armé tchadien basé dans le sud de la Libye, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR).

Aucun bilan de cette attaque n’a officiellement été donné. Mais au moins trois membres des forces de sécurité, dont un colonel, avaient été tués durant l’attaque, selon des sources concordantes. Dans des vidéos postées sur Internet, le CCMSR a affirmé avoir fait des prisonniers et quitté Kouri Bougoudi.

L’extrême-nord du Tchad, le Borkou-Ennedi-Tibesti (BET, du nom des trois régions administratives), est une immensité désertique aux montagnes présumées riches en métaux précieux, habitée par l’ethnie toubou. Depuis 2013, les rares habitants du BET ont été rejoints par des milliers d’orpailleurs venus du Soudan et du Niger voisins ainsi que d’autres régions du Tchad, créant des tensions parfois meurtrières.

Le nord du Tchad est également propice à de nombreux trafics entre le Tchad, le Soudan, le Niger et la Libye. Plusieurs groupes rebelles tchadiens sont présents dans ces pays frontaliers. Depuis le Sud libyen et l’Est soudanais notamment, plusieurs rébellions tchadiennes tentent de survivre grâce à des aides financières, au mercenariat ou à divers trafics, selon des analystes.