« Je vais mieux » : martyre et rédemption d’un mâle bêta
« Je vais mieux » : martyre et rédemption d’un mâle bêta
Par Thomas Sotinel
Tournant le dos à la délicatesse des « Emotifs anonymes », Jean-Pierre Améris s’essaie au burlesque en s’appuyant sur le désarroi d’Eric Elmosnino.
Mâle bêta par excellence, Laurent (Eric Elmosnino) vit le sort enviable qui est le sien – profession gratifiante (architecte), prospérité matérielle, mariage durable – comme un enfer pavé d’humiliations et de frustrations. Au travail, il est la victime de l’alpha du cabinet, chez lui, son épouse (Judith El Zein) ne lui accorde guère de considération. De cette condition relativement commune, évoquée par David Foenkinos dans le roman dont est tiré le scénario, Jean-Pierre Améris a voulu faire une comédie burlesque, qui exacerbe jusqu’à l’absurde ou au grotesque ces situations tirées de la vie quotidienne. Ce qui sied moins au réalisateur des Emotifs anonymes que les doux sentiments de ce dernier film.
Liberté de tons
Une fois établie la situation de Laurent – à gros traits –, le mal de vivre de celui-ci se cristallise en un mal de dos que, bien sûr, personne n’arrive à soigner. Le film navigue à grands à-coups du sketch satirique (les thérapeutes de tous ordres sont équitablement renvoyés à leur incompétence) en séquences sentimentales (celles qui mettent aux prises le pauvre héros et sa fille), avec quelques détours vers l’onirisme (l’hôtel minable dans lequel Laurent trouve un moment refuge). Cette liberté de tons (le pluriel est délibéré) produit tant de dissonances qu’on ne fait que deviner la petite musique mélancolique que le metteur en scène et son interprète principal auraient sans doute voulu faire entendre.
JE VAIS MIEUX Bande-annonce officielle
Durée : 01:36
Film français de Jean-Pierre Améris. Avec Eric Elmosnino, Ary Abittan, Alice Pol, Judith El Zein (1 h 26). Sur le Web : www.europacorp.com/fr/films/jevaismieux