Une responsable d’Amnesty jugée pour son assistance à deux immigrés mineurs
Une responsable d’Amnesty jugée pour son assistance à deux immigrés mineurs
Le Monde.fr avec AFP
Les autorités reprochent à Martine Landry d’avoir aidé, à l’été 2017, deux jeunes Guinéens refoulés de France en Italie malgré leur statut de mineurs isolés.
Martine Landry a reçu 22 000 messages de soutien, selon Amnesty. / VALERY HACHE / AFP
Après avoir été reporté trois fois, le procès d’une responsable d’Amnesty International, Martine Landry, 73 ans, a débuté à Nice mercredi 30 mai en fin d’après-midi. Les autorités lui reprochent d’avoir aidé l’été dernier deux jeunes Guinéens, refoulés de France en Italie, malgré leur statut de mineurs isolés.
Egalement membre de l’Association nationale d’aide à la frontière pour les étrangers (Anafé), Mme Landry risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Son procès intervient à la veille du procès à Gap (Hautes-Alpes) des « trois de Briançon », deux Suisses et une Italienne, également poursuivis pour leur aide aux migrants.
En attente d’une place en foyer, les deux Guinéens aidés par la retraitée – l’un, Mamadou Sow, vit toujours en foyer à Valbonne, près de Nice – avaient été interpellés avec des adultes chez Cédric Herrou lors d’une perquisition chez ce militant de l’association Roya Citoyenne, fondateur de l’association Défends ta citoyenneté.
Ils avaient été renvoyés en Italie malgré leur âge et malgré les tentatives répétées des carabiniers italiens pour les raccompagner en France, selon Mme Landry, venue les assister. Elle les attendait sur le territoire français, sous la pancarte « France » marquant la frontière, pour les conduire auprès des policiers français.
« Une dizaine d’affaires cette semaine »
Détendue à son arrivée au tribunal sous les encouragements et les applaudissements de plusieurs dizaines de soutiens venus avec des pancartes proclamant « La solidarité n’est pas un délit », Martine Landry a reçu 22 000 messages de soutien, selon Amnesty.
Pour l’ONG, il est temps que la France transpose dans ses textes une disposition internationale de 2002 prévoyant qu’on ne peut sanctionner que les personnes retirant un avantage financier ou matériel de leur aide aux migrants.
« On attend une relaxe, les faits ne sont pas constitués. Briançon, Amiens, Dieppe, il y a une dizaine d’affaires similaires cette semaine. L’absence de volonté de l’Etat de traiter le problème des migrants se transforme en un acharnement contre les militants qui pallient cette incurie », a déclaré avant l’audience Jean-François Dubost, un responsable d’Amnesty.